La dette accusée par l’ensemble des hôpitaux français sera en partie reprise par l’Etat. Mais si le financement de l’institution n’est pas remis en cause, les raisons du déficit restent entières et sans réponses viables. Explications.
Trente milliards d’euros. C’est le montant de la dette des hôpitaux français. La somme a de quoi tétaniser quand on sait que les établissements publics sont entravés dans leur politique d’investissement en raison justement de cette dette ventilée à hauteur du nombre d’hôpitaux. Le Premier Ministre a d’ailleurs précisé que l’Etat, à savoir la collectivité nationale via l’impôt prélevé, épongerait à hauteur de 10 milliards, soit 30%, l’encourt actuel (lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/20/). Le geste est certes généreux mais il perd de sa grandeur si l’on rappelle que l’hôpital est le premier espace de soins pour tous les Français, quels qu’ils soient, et qu’il est finalement du devoir de l’Etat d’agir en faveur de la santé de tous. Passé ce constat, vient le temps des questions et parmi elles comment les hôpitaux, en dépit des efforts budgétaires consentis depuis des décennies, efforts traduits par la réduction de lits, par la faiblesse des traitements accordés aux agents de la fonction publique hospitalière (poussant d’ailleurs ces derniers vers le secteur privé de la santé) sont parvenus à cumuler une telle dette. Les raisons sont multiples.
Coûts et prix
Croissance démographique, augmentation du coût des actes médicaux, investissements en matériels médicaux, déserts médicaux poussant les patients à encombrer les urgences,…Bref ! La liste et longue et elle finit par s’opposer à une autre logique, celle de gestionnaires soucieux de réduire constamment les coûts. Sauf que si pour l’un la santé à un coût, pour d’autres elle n’a pas de prix. Longtemps, les gouvernement successifs ont imposé aux personnels soignants des hôpitaux réformes et décisions dans réellement, ou si peu et si mal, prendre le pouls de ses même personnels, d’écouter leur réalité et non pas celle de bilans comptables prompts à stigmatiser la dépense en tant que telle plutôt que la raison de la dépense. Cette dette, abyssale mais capable d’être absorbée par l’Etat, pose aussi la question de l’efficacité de notre système de santé au regard des contraintes budgétaires actuelles. Et la question d’émerger : La santé publique coûte-t-elle cher ? Mauvaise question car mal posée alors que la vraie interrogation serait plutôt : la santé peut-elle être mercantiliser ?
Mercantilisation et aléas
Dans un Etat-Providence comme la France, où la richesse nationale est redistribuée après prélèvement fiscal (TVA, Impôt sur le revenu,…) pour financer, entre autre, les services publics en général et l’hôpital en particulier, il apparaît presque évident que non, la santé ne peut être objet de mercantilisation. Pourquoi ? Parce que comme tous services publics dédiés par définition au public, il s’inscrit dans une chaîne sociale animée en premier par des Hommes exposés aux aléas de l’existence, à la stupidité d’un accident de voiture, à la cruauté d’un cancer, aux mauvais tours d’une grippe tenace, donc à l’imprévu ! Qui est aujourd’hui capable de prédire de quoi il souffrira dans 5 ans, 10, 15 ans ? Personne. On peut le subodorer, à la rigueur l’imaginer mais rien d’autre. Et l’hôpital en bon samaritain, absorbe depuis des décennies, sans mot dire, ces aléas naturels sans que soient adaptées les structures, encouragés les personnels soignants. Sans mot dire jusqu’à aujourd’hui car d’évidence, l’hôpital (sans mauvais jeu de mot) souffre avec ses patients.