Une femme et des combats

L’élection d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne marque une avancée des mentalités rare au sein d’un organe politique longtemps dominée par des hommes. Mais cette nomination ne parviendra pas à occulter les violences dont sont encore victimes les femmes.

Faut-il y voir la reconnaissance d’une compétence professionnelle ou un signe des temps qui veut que les femmes soient progressivement reconnues à leur juste valeur dans la sphère publique ? Au lendemain de la nomination Ursula von der Leyen à la tête de la Commission Européenne (lemonde.fr :https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/27 ), l’organe politique le plus puissant de l’Union, la question se pose et trouve une réponse double : Cette nomination est le fruit d’une reconnaissance des capacités Ursula von der Leyen tout comme le signe révélateur d’un changement de mentalités. Jusqu’à présent, la Commission européenne avait toujours été dirigée par des hommes dont les compétences n’avaient jamais été, ouvertement en tous cas, l’objet de doutes ou de discussions.

Parcours et dominante

Le Parlement européen, chargé d’élire le président de la Commission, elle aussi amenée à se prononcer sur les candidats en lice, avait rarement émis par le passé de réserves particulières sur le ou les candidats. Mais dans le cas Ursula von der Leyen, les négociations, interrogations et autres discussions sont allées bon train…Pourquoi ? Son parcours peut-être ? Ministre de la Défense d’Angela Merkel, issue de l’un des pays fondateurs de l’Union, Ursula von der Leyen semblait détonner dans un environnement politique feutré ou prévalait la dominante masculine, celle du mâle Alpha. Mais l’Union et ses institutions qui se veulent, et se doivent d’être le reflet des sociétés qu’elles représentent, se sont laissées, à raison, imprégner des courants actuels qui traversent l’Europe occidentale et le monde en général qui tendent à rendre aux femmes la place qui leur revient. Ursula von der Leyen occupera donc le poste tant convoité de présidente de la Commission européenne n’en déplaise à une élite masculine dubitative, voire rétive.

Mentalités et violences

Il est donc quelque part rassurant de penser que les mentalités ont changé, qu’elles essaient en tous cas, par une prise de conscience que l’on espère globale alors que paradoxalement se multiplient en France par exemple, peut-être dans d’autres pays du monde, les féminicides et autres agressions de tout ordre contre les femmes. Ces actes qui secouent et choquent l’opinion poussent à un constat : Le combat à mener pour l’égalité entre hommes et femmes est encore long, en dépit de l’exemple qu’incarne Ursula von der Leyen. Les violences dont sont victimes les femmes, toujours insupportables n’ont pas encore trouvé de véritables réponses pénales malgré le renforcement de l’arsenal juridique en France ou ailleurs. Après le constat, une conclusion s’impose, la nomination Ursula von der Leyen est une première victoire mais la guerre contre les violences physiques et verbales dont elles sont l’objet sera encore longue.

L’hôpital, entre coût et prix

La dette accusée par l’ensemble des hôpitaux français sera en partie reprise par l’Etat. Mais si le financement de l’institution n’est pas remis en cause, les raisons du déficit restent entières et sans réponses viables. Explications.

Trente milliards d’euros. C’est le montant de la dette des hôpitaux français. La somme a de quoi tétaniser quand on sait que les établissements publics sont entravés dans leur politique d’investissement en raison justement de cette dette ventilée à hauteur du nombre d’hôpitaux. Le Premier Ministre a d’ailleurs précisé que l’Etat, à savoir la collectivité nationale via l’impôt prélevé, épongerait à hauteur de 10 milliards, soit 30%, l’encourt actuel (lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/20/). Le geste est certes généreux mais il perd de sa grandeur si l’on rappelle que l’hôpital est le premier espace de soins pour tous les Français, quels qu’ils soient, et qu’il est finalement du devoir de l’Etat d’agir en faveur de la santé de tous. Passé ce constat, vient le temps des questions et parmi elles comment les hôpitaux, en dépit des efforts budgétaires consentis depuis des décennies, efforts traduits par la réduction de lits, par la faiblesse des traitements accordés aux agents de la fonction publique hospitalière (poussant d’ailleurs ces derniers vers le secteur privé de la santé) sont parvenus à cumuler une telle dette. Les raisons sont multiples.

Coûts et prix

Croissance démographique, augmentation du coût des actes médicaux, investissements en matériels médicaux, déserts médicaux poussant les patients à encombrer les urgences,…Bref ! La liste et longue et elle finit par s’opposer à une autre logique, celle de gestionnaires soucieux de réduire constamment les coûts. Sauf que si pour l’un la santé à un coût, pour d’autres elle n’a pas de prix. Longtemps, les gouvernement successifs ont imposé aux personnels soignants des hôpitaux réformes et décisions dans réellement, ou si peu et si mal, prendre le pouls de ses même personnels, d’écouter leur réalité et non pas celle de bilans comptables prompts à stigmatiser la dépense en tant que telle plutôt que la raison de la dépense. Cette dette, abyssale mais capable d’être absorbée par l’Etat, pose aussi la question de l’efficacité de notre système de santé au regard des contraintes budgétaires actuelles. Et la question d’émerger : La santé publique coûte-t-elle cher ? Mauvaise question car mal posée alors que la vraie interrogation serait plutôt : la santé peut-elle être mercantiliser ?

Mercantilisation et aléas

Dans un Etat-Providence comme la France, où la richesse nationale est redistribuée après prélèvement fiscal (TVA, Impôt sur le revenu,…) pour financer, entre autre, les services publics en général et l’hôpital en particulier, il apparaît presque évident que non, la santé ne peut être objet de mercantilisation. Pourquoi ? Parce que comme tous services publics dédiés par définition au public, il s’inscrit dans une chaîne sociale animée en premier par des Hommes exposés aux aléas de l’existence, à la stupidité d’un accident de voiture, à la cruauté d’un cancer, aux mauvais tours d’une grippe tenace, donc à l’imprévu ! Qui est aujourd’hui capable de prédire de quoi il souffrira dans 5 ans, 10, 15 ans ? Personne. On peut le subodorer, à la rigueur l’imaginer mais rien d’autre. Et l’hôpital en bon samaritain, absorbe depuis des décennies, sans mot dire, ces aléas naturels sans que soient adaptées les structures, encouragés les personnels soignants. Sans mot dire jusqu’à aujourd’hui car d’évidence, l’hôpital (sans mauvais jeu de mot) souffre avec ses patients.

Exubérante Amérique du Sud…

L’instabilité quasi-chronique du continent sud-américain irrite Europe et Etats-Unis à la recherche de partenaires économiques et diplomatiques posés. Mais l’ADN du continent entrave ce vœu au point de pousser les deux acteurs à s’éloigner des remous actuels.

Rares sont ceux qui en Europe, hormis quelques spécialistes, géographes ou historiens, s’intéressent aux soubresauts qui agitent le continent sud-américain. A tort certainement car devant les remous traversés par l’Argentine et le Brésil, deux poids lourds continentaux, voire mondiaux, le Venezuela et désormais la Bolivie, l’Europe devrait prendre le temps d’évaluer le pouls de ce continent riche de potentiels. Longtemps placée dans le giron des Etats-Unis, le continent sud-américain s’est progressivement affranchi de la tutelle de son puissant voisin pour devenir un acteur plein et entier du monde contemporain. Naturellement, les liens qui unissent l’Europe à l’Amérique du Sud sont moins nombreux que ceux qui unissent le dit continent avec les Etats-Unis ou avec l’Alena (Alliance économique entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique) mais l’agitation du continent n’est pas de bonne augure pour l’économie mondiale en particulier.

Guerre commerciale et ADN

Les blocages et les tensions politiques actuelles internes aux pays qui composent le continent risquent fort à court ou moyen terme de compromettre les relations commerciales à venir, ces dernières étant souvent conditionnées par l’état politique des pays concernés. Et dans un contexte de ralentissement économique mondial, de campagne présidentielle nord-américaine et de guerre commerciale larvée entre Chine et Etats-Unis, l’agitation sud-américaine vient s’ajouter aux inquiétudes naissantes. Continent au comportement manichéen, capable de passer d’une croissance économique hors normes à la dépression économique la plus profonde, l’Amérique du Sud s’avère un partenaire économique et diplomatique capricieux et inconstant, autant de défauts qui, dans un monde où les alliances internationales peuvent se révéler précieuses, altèrent et irritent des économies européennes ou nord américaines en quête de stabilité. Et il sera difficile, voire impossible de canaliser un continent dont l’ADN reste fondamentalement imprégné de ce trait de caractère impétueux et imprévisible, qui constitue les pays d’Amérique du Sud.

Instabilité et handicap

Les Etats-Unis qui avaient longtemps fait de l’Amérique de Sud leur chasse gardée regardent désormais le continent avec un œil plus détaché sans pour autant sans s’en désintéresser totalement, le Mexique frontalier servant de zone tampon bienvenue pour une administration Trump arc-boutée sur la question migratoire. Vue d’Europe, l’instabilité chronique de l’Amérique du Sud-américain, dans un premier temps folklorique, est, passé l’aspect cocasse, perçue comme un vrai handicap économique et diplomatique qui pourrait à terme pousser les partenaires européens à s’éloigner de l’Amérique du Sud. Pour l’heure, il convient d’attendre que la nouvelle crise bolivienne avec le départ du président d’Evo Morales, la libération de l’ancien président brésilien Lula, l’impasse vénézuélienne qui oppose Nicolà Maduro à Juan Guaido et les récentes élections présidentielles argentines épiques et mouvementées ont achevé le portait d’un continent atypique dans un monde appelle de ses vœux à une longue et paisible stabilité.