Le taux de chômage, arme politique ?

 

Emploi

Moins 1,7% en mars, c’est donc la baisse du chômage enregistrée en ce printemps 2016. Il va de soi qu’il faut accueillir la donnée statistique comme une bonne nouvelle et s’en réjouir à la mesure de sa valeur. Car se lancer dans une forme de triomphalisme, dont se sont d’ailleurs gardés le ministre du Travail, Myriam El Khomry et le Premier ministre Manuel Valls, pourrait apparaître comme fort présomptueux et très certainement prématuré au regard de la fragilité de la conjoncture et de la versatilité du taux concerné. Et si d’aventure l’un d’eux (ou un autre) devait se lancer dans une exégèse des politiques actuelles, ce panégyrique, malvenu en l’état, confirmerait une tendance qui prévaut dans notre pays depuis des années, tout comme dans d’autres d’ailleurs, à savoir considérer le taux de chômage comme une arme politique, comme un argument électoral déconnecté de toute réalité sociale. Une explication s’impose. La question de l’emploi est devenue au fil des années le juge de paix de tout élu ou aspirant à des responsabilités électives. Et pour cause, le travail, outre sa vocation sociale et intégratrice fondamentale, est aussi l’unique moyen de subsistance que l’Humanité ait trouvé pour satisfaire les besoins essentiels de chacun. La valeur travail, comme l’a très bien expliqué la sociologue Dominique Méda dans nombre de ses essais, passe avant toute chose, parfois avant même la notion de cellule familiale, c’est dire le poids de celui-ci dans la vie de l’individu.

Communication et action

Or, les difficultés auxquelles est confronté l’individu pour exercer une activité professionnelle rémunérée se heurte aussi à l’incompréhension de la sphère politique, quelque soit son obédience, qui ne ressent pas cette nécessité de la même manière. Rares sont les ministres, voire les Présidents de la République, à avoir arpenté les moquettes usées de feu l’ANPE ou aujourd’hui de Pôle Emploi….On ne peut pas leur en faire le reproche, ce n’est pas leur vocation première et s’y rendre relève souvent plus de la communication que de l’action politique de terrain. Autant s’en abstenir donc car rentrer dans une agence Pôle Emploi ne permettra jamais à l’élu de ressentir ou d’éprouver les sentiments d’un demandeur d’emploi. En revanche, il serait opportun de lui rappeler que taux de chômage et emploi, indissociables corollaires, ne se résument pas à une somme de statistiques maniées avec adresse et habileté à des fins d’ambitions personnelles. D’aucuns y verraient une forme de cynisme, d’autres une forme d’électoralisme facile. Et l’erreur d’avoir été trop souvent commise, déshumanisant la question du chômage en renvoyant sa réalité, c’est à dire un drame social et humain où se mêlent isolement et perte de confiance en soi, loin de la responsabilité effective d’un homme ou d’une femme politique en charge d’imaginer des solutions pérennes et efficaces. Non que ces derniers n’aient pas cherché à résoudre le problème, dire le contraire serait faux, mais la valeur quasi-vitale de l’emploi a conféré à celui-ci un statut de question prioritaire lui permettant de passer avant tout autre problème. A raison d’ailleurs. Donc devenus prioritaires, emploi et chômage deviennent des armes redoutables pour celui qui saura, non pas les manier, mais en connaître les ressorts. Un homme politique, quel qu’il soit, a pertinemment compris que son avenir tenait d’abord à la résolution de ces deux questions.

Encre et temps économique

Engranger des signatures de contrats est naturellement louable. Mais tant que ces signatures ne se traduiront pas par des créations effectives et directes d’emplois, leurs portées pourtant considérables, ne seront ni perçues ni appréhendées et ne se traduiront en rien dans les urnes. Voilà qui explique l’empressement de tout homme politique à préciser, l’encre du contrat à peine sèche, combien d’emplois seront créés via ces signatures. Voilà une manière comme une autre d’user de l’arme citée plus avant. Mais est-elle comprise par celui qui franchit la porte de Pôle emploi ? Le temps économique a sa propre vitesse et ce en dépit des efforts engagés par le personnel politique pour essayer de l’accélérer. C’est d’ailleurs une des limites de l’action politique dans son ensemble, celle ne pourvoir influer qu’à la marge du champ économique en essayant de créer des conditions favorables, bref de dégager le terrain. Mais cette action marginale, aussi généreuse ou efficace qu’elle puisse être, ne peut être instrumentalisée ne serait-ce que par respect et décence à l’endroit de ceux qui recherchent un emploi et qui fondent dans l’action politique de grands espoirs pour enfin sortir de l’ornière.

Un mail pas si malheureux…

Sarko 1.jpgAinsi, un courriel malencontreux et malheureux a trahi les intentions de Nicolas Sarkozy, le message en question laissant très clairement supposer que l’ancien Chef de l’Etat serait candidat aux primaires du parti Les Républicains. Trahison ou stratégie finement calculée ? D’aucuns, connaisseurs ou non, des rouages qui meuvent la politique savent que rien n’est jamais innocent ou accidentel en terme de fuite. Donc, le secret de Polichinelle, gardé jusqu’alors avec des précautions toutes relatives, a été dévoilé à dessein. Il serait naïf d’y voir une maladresse ! « Oups ! J’ai gaffé ! » aurait pu alors se dire l’expéditeur du mail. Que nenni ! Il convient cependant de se demander pourquoi, alors que le scrutin devant désigner le candidat des Républicains à l’élection présidentielle ne se tiendra qu’à l’automne prochain, un tel message a été diffusé ? La raison tient dans le contexte actuel qui fait office d’espace-temps au sein même de l’opposition et dans la personnalité de l’ex-président. Le contexte tout d’abord. A droite, les prétendants s’agitent et s’activent. Alain Juppé, Bruno Lemaire, François Fillon (candidats parmi les plus dangereux pour l’ancien président) n’ont jamais caché leurs ambitions personnelles défendant chacun d’eux des projets plus ou moins viables ou crédibles. Si certains d’entre eux visent clairement l’Elysée (Alain Juppé et François Fillon), le dernier, Bruno Lemaire, bataille aujourd’hui avec l’espoir de s’inviter au festin présidentiel avec en point de mire la table de Matignon. Portés par les sondages pour certains, écrivains à succès pour d’autres, tous, quels qu’ils soient, sont actifs et existent dans l’espace médiatico-politique.

Renégats ingrats

Et tous agacent l’ancien Chef de l’Etat qui voient dans ces hommes et leurs actions respectives des renégats ingrats qui défient son autorité. Pourtant, l’aura de Nicolas Sarkozy a montré ses limites dans l’opinion, lassée de ses gesticulations et de ses coups de mentons à répétition. Que faire donc pour prendre de court des concurrents sérieux, motivés ? Pourquoi ne pas balancer un courriel justement dosé pour annoncer sans le dire que l’ancien président sera candidat à la primaire ? C’est fait. Et ici d’aborder la personnalité même de Nicolas Sarkozy, dans un portait rapide où se mêlent psychologie et existence politique. Nicolas Sarkozy, hyper-actif de la politique, ne peut pas rester les bras ballants en attendant l’automne pour se déclarer officiellement. Car dans l’intervalle, les concurrent accumulent des points, flattent l’opinion, séduisent les électeurs et attirent les indécis. Bref ! Ils avancent pendant que lui ferait sur surplace. Impensable ! Or, Nicolas Sarkozy ne sait vivre, ne peut vivre en politique que dans le combat et l’altérité. Seule la confrontation lui permet d’exister. La défaite de 2012 est à ses yeux un affront, une atteinte à son honneur qu’il convient de laver. Mais il est cependant seul à le croire, ses concurrents ayant cure de ses états d’âmes, considérant que son tour est passé et ne reviendra plus. Pourtant, l’ancien locataire de l’Elysée veut y croire et le message égaré ne serait finalement qu’un avertissement (sans frais) à ses concurrents. « Je suis là et je ne lâcherai pas ! » semble-t-il dire de manière subliminale. Qui en doutait ? Personne y compris dans son camp. Mais le temps presse, car l’automne viendra vite et la torpeur de l’été n’est guère favorable au ralliement de troupes émollientes. « L’action c’est maintenant ! » semble-t-il dire à nouveau avec un soupçon d’ironie.

En découdre

Ce fameux mail, quel qu’il soit, officiel ou non, ne s’adresse évidemment qu’à ses concurrents. Car à gauche, il ne fait aucun doute que l’ancien président voudra en découdre. L’adversaire aujourd’hui n’est pas à gauche mais à droite, dans la coalition improbable Juppé-Fillon-Lemaire qui souhaite naturellement et en silence que l’ancien chef de l’Etat ne se présente pas. Vœu pieux tant Nicolas Sarkozy considère qu’il incarne le pouvoir et l’autorité, l’homme reprenant à son compte cette vielle antienne conservatrice prétendant que les affaires d’Etat ne peuvent être gérées que par des individus issus des rangs de la droite. Et si possible par lui. Vanité, prétention, mépris ? Les trois à la fois, tant Nicolas Sarkozy donne le sentiment de se moquer de son entourage politique direct, de mépriser toute action gouvernementale n’émanant pas de son autorité ou de son obédience politique. Il n’était nul besoin de laisser fuiter un mail pour le rappeler mais dans l’univers de la communication politique, la stratégie prime. Nicolas Sarkozy sait pertinemment que ce mail ne lui permettra pas de remporter la primaire, mais de poser les jalons du combat qui s’annonce au sein de son propre camp. Ses concurrents l’ont lu et en ont pris acte. Sont-ils impressionnés pour autant ? Nicolas Sarkozy, lui, l’imagine peut-être.

Un quinquennat pour l’Histoire ou pour l’oubli ?

ClioLa force de l’Histoire est de révéler l’action des hommes quand ces derniers, aveuglés par l’instant présent, ne peuvent livrer un jugement affranchi de toutes passions, de certaines en tous cas. Alors puisque sonne déjà le bilan, (quand ce n’est pas l’hallali), du quinquennat de François Hollande, pourquoi ne pas jeter un regard critique sur son action. Mais précisons-le d’emblée, non pas une critique loi par loi, erreur par erreur, ou point positif par point positif. Il s’agit en fait de porter un regard global non sur l’action mais sur l’héritage à venir et l’appréciation qui en sera faite. Première question : Et si François Hollande décrié, poussé vers la sortie, y compris par son propre camp, avait eu raison avant l’heure, avait pressenti les réformes nécessaires au nouvel accomplissement du pays ? D’aucuns crieraient au scandale à la simple évocation de cette idée. Pourtant, la France décrite comme un pays impossible à réformer pour cause de conservatismes divers et variés, qui pullulent à droite comme à gauche, a connu depuis l’arrivée de François Hollande une cure sociétale des plus drastiques en dépit des railleries de ses détracteurs, trop contents en coulisse que le Président de la République actuel s’y casse les dent pour in fine en récolter les fruits. Contraindre la France à la social-démocratie n’était pas gagné d’avance et il se pourrait que François Hollande y parvienne, du moins qu’il imprime un pli que nous ne pourrons qu’épouser.

La pilule passée et la foudre

Le modèle allemand, qui subjugue tant de Français, entre méfiance et admiration, y compris dans la classe politique tricolore, cette dernière y voyant la panacée à tous nous maux, n’est peut-être pas si différent du nôtre aujourd’hui. Loi Travail et déréglementation du marché associé, fusion des régions (quasiment équivalentes aux landers allemands), responsabilisation des partenaires sociaux, mariage pour tous (ce qui ne relève pas de la social-démocratie mais de la réforme sociétale pure)…Autant de points qui, il y a encore de cela vingt ans, auraient poussé des millions de Français dans les rues. Certes, la Loi Travail a jeté sur le pavé des milliers d’opposants, généré la grogne du monde l’entreprise mais globalement, elle n’a pas mis le pays à feu et à sang. Nous sommes loin des grèves générales décrétées en 1968 ou des manifestations de 1984 liées au projet de loi sur l’Ecole libre. Idem pour le Mariage pour tous ! Mais pilule est passée et beaucoup en tiennent grief au Président de la République. A l’instant encore, l’homme subit la foudre, dégringolant dans les sondages comme l’avalanche de la montagne : inarrêtable. Mais dans quinze ans, dans vingt ans et plus que dirons-nous de la présidence de François Hollande ? Pour cela, un regard des plus objectifs dans le rétroviseur s’impose pour se demander ce qu’il reste des mandats de ces prédécesseurs.

L’histoire du quinquennat

Charles de Gaulle : l’indépendance et la grandeur de la France, Mai 68 et sa démission suite au référendum sur la régionalisation ; Georges Pompidou : la volonté de poursuivre la voie tracée par De Gaulle et une disparition subite ; Valéry Giscard d’Estaing : deux chocs pétroliers mal appréhendés qui l’ont emporté en 1981 ; François Mitterrand : Un premier septennat fort de vraies avancées sociales, le tournant de la rigueur en 1983, la première cohabitation de la Vème République en 1986 et une réélection triomphale en 1988 puis une fin de deuxième septennat plombée par des affaires à répétition, une maladie de plus en plus handicapante, une passé trouble révélé et une fin de règne dans la souffrance ; Jacques Chirac : un premier septennat marqué par la suppression du service national et une cohabitation polie avec Lionel Jospin ; un quinquennat passif et atone sans réelle réforme marqué par les émeutes urbaines de 2005 ; Nicolas Sarkozy : un volontarisme à toute épreuve, un égo sur-dimensionné, des affaires qui commencent (déjà!) à remonter et des réformes qui ont accouché de souris. Et François Hollande ? Il est trop tôt pour le dire. Certainement. Les commentaires de journalistes travaillent déjà à dessiner l’histoire de son quinquennat sans pour autant en dresser les contours arrêtés. Il est évident que le quotidien des Français, accablés par le chômage ou la peur de s’y retrouver tronque le regard que l’on pourrait avoir de l’action du chef de l’Etat. La question est donc de savoir ce que l’on retiendra de son premier passage à l’Elysée (nul ne sait à ce jour s’il y en aura un second) mais surtout d’apprécier son empreinte sur la société qui lui avait alors confiée son destin.

De Gaulle, Mitterrand et le modèle français

Aisé ou pas, il est possible de dresser un état des lieux, un inventaire de ces prédécesseurs et de mesurer leurs traces dans l’histoire du pays. Ainsi, il n’est pas impossible que dans cinquante ou soixante-dix ans, l’on passe de De Gaulle à Mitterrand sans coup férir. Non que Pompidou ou Giscard d’Estaing aient été transparents, mais leurs traces dans la société française s’effacent, si tant est qu’elles aient jamais existé. Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande y resteront-ils ? Jacques Chirac pour avoir été le successeur du plus monarque des Présidents de la République et parce qu’il avait un sympathique côté franchouillard, a marqué son temps. Mais marquera-t-il l’Histoire ? Avoir bon appétit et aimer la bière ne suffit pas pour entrer au Panthéon mais finir à Sainte Hélène oui… ! Il y a dans la fonction présidentielle un aspect infantile et pathétique qui pousse les locataires de l’Elysée à multiplier actions et réformes comme pour attirer l’attention distraite de Clio, la muse de l’Histoire (en photo ci-dessus), reconvertie pour l’occasion en mère de famille. Nicolas Sarkozy y restera pour son côté bling-bling. C’est déjà ça. Et François Hollande, aujourd’hui cloué au pilori, apparaîtra-t-il comme celui qui osa réformer l’irréformable, qui osa s’attaquer au sacro-saint modèle français, cependant loin de vaciller après les coups qui lui ont été portés ? Là encore le tribunal de l’Histoire jugera.

Une République d’antan

République.JPGEt si l’impopularité de nos Présidents de la République successifs depuis 1958 tenait, en partie, à l’aspect obsolète et dépassé de notre Constitution ? Le débat n’est pas nouveau en dépit de la réforme constitutionnelle de 2008 qui modifia le texte originel. Par là même, il ne s’agit en rien de dédouaner les différents locataires de l’Elysée des erreurs commises ou des égarements qui sont, ou furent, les leurs (même si la charge est suffisamment lourde pour qu’un homme, fût-il bien intentionné, se heurte aux écueils de la réalité) mais de s’interroger sur les origines et l’environnement global qui présida à l’instauration de la Cinquième République et ce fin d’en comprendre les limites toujours plus criantes. Retour en arrière. En 1958, la France traverse la dernière crise coloniale de son histoire et le Général de Gaulle est alors appelé à la rescousse pour éteindre l’incendie algérien. Si sur le plan international, la France est alors regardée avec plus ou moins de scepticisme en raison de son attachement jugé excessif à ces anciens départements d’outre-mer, la situation économique de l’Hexagone tranche en revanche par un dynamisme retrouvé. Le pays, tout comme l’Europe, est en phase de reconstruction, mais se cherche un homme capable de le conduire sur la voie de l’expansion. En parallèle, épuisée par les crises ministérielles à répétition fruits du bourbier parlementaire qu’est la Quatrième République, la France de la fin des années cinquante cherche aussi à stabiliser un environnement qu’elle juge propice au développement et à raison.

Adaptation et dernier ministre

Charles De Gaulle, aidé par Michel Debré, le premier conscient des attentes du pays et (très) accessoirement des siennes, le second soucieux de donner à la France un cadre législatif fondateur en adéquation avec l’homme du 18 juin, fait donc rédiger une constitution sur mesure. Adaptée aux défis économiques de son temps, à savoir une période de plein emploi, une activité industrielle et technologique florissante, une structure sociale encore très normée par les codes de la Troisième République (ce qui générera entre autre Mai 68), la Constitution de 1958, répond pleinement à l’exercice de son époque. Car après 1962, la France entre dans une longue période de calme économique et social. Croissance économique continue (PIB en 1960 : 8%)*, investissement des entreprises, urbanisation massive (par ailleurs mal contrôlée) renouvellement des générations via le baby-boom et positionnement international reconnu sont autant d’éléments qui donnent à la France un sentiment de grandeur et de puissance alors qu’en son sein même germent les maux qui l’accableront quelques années plus tard. Ainsi, pour avoir une idée de l’état d’esprit qui prévalait alors sous les ors de la République, à titre d’exemple, lorsque que Jacques Chirac est sollicité pour entrer au Gouvernement de Georges Pompidou en 1967, celui-ci occupe la fonction de secrétaire d’État à l’Emploi et est dernier dans l’ordre de présentation des ministres… ! C’est dire le peu de cas que l’on se faisait alors de la question de l’emploi. Forte de cette Constitution, la France et les Français, qui ont ratifié par référendum le texte fondateur (80% des votants ont approuvé le texte proposé), s’habituent à cette pratique quasi-monarchique du pouvoir, à ce Parlement réduit au rang de chambre d’enregistrement, à ces ministres nommés plutôt pour occuper des fonctions de représentants ministériels que celles d’acteurs de leurs charges respectives ; énarques et haut-fonctionnaires (pour ces derniers parfois issus des heures sombres du pays) étudiant les dossiers, voire tranchant ces derniers sous couvert ministériel.

Premiers couacs et échec

Les Français se plaisaient alors, voire se complaisaient dans cette Constitution et pour cause : le progrès technique semblait résoudre tous les problèmes antérieurs, le pouvoir d’achat était assuré par une croissance économique et un plein emploi soutenus en dépit de vraies crises et inégalités sociales qui là encore étaient passées sous silence. En cette période de prospérité économique, rien ne semblait atteindre le pouvoir, fut-il exercé de manière autocratique sans pour autant renier les principes fondamentaux de la démocratie, mais rares étaient ceux (excepté François Mitterrand qui dénonça le Coup d’Etat permanent) qui voyaient dans la Constitution et les attributions du Président de la République un nœud gordien (celui-ci s’en satisfera cependant une fois élu). Pourtant au détour des années 1973-1974, la machine économique sembla s’enrayer pour véritablement tousser en 1980 lors du second choc pétrolier (PIB : 1,6%)* lié à la Guerre Iran-Irak. Soudainement, les Français se sont retournés de manière naturelle vers leurs présidents, ces derniers ayant été élus en ce sens, avec l’espoir que soient avancées des solutions pérennes et efficaces pour résoudre les difficultés naissantes. Echec ! Le ralentissement économique amorcé au milieu des années soixante-dix, sous-estimé en dépit d’un chômage croissant (pour atteindre un million en 1980), se confirma au fil des décennies. Et les Présidents de la République de se retrouver interdits devant les difficultés économiques qui s’amoncelaient. Pourquoi ? Par incompétence ? Il serait gratuit de l’affirmer.

Ambition personnelle

Mais peut-être aussi parce que la Constitution de la Cinquième République n’est pas adaptée à ce type de défis, parce qu’elle a été conçue dans un dessein d’ambition personnelle et non collective dans un environnement économique alors favorable qui renvoyait les questions sociales au second plan, quand ce n’est pas au troisième. La Cinquième République offre aux Présidents de la République le pouvoir et la puissance dans une optique de satisfaction d’ambition personnelle et non pas la capacité à agir de manière collégiale et partagée. Imaginée pour et par un homme épris de pouvoir et de reconnaissance, la Constitution de la Cinquième République est inefficace dans un monde où seule la concertation, le dialogue, l’écoute et la prise en compte des réalités socio-économiques de manière collective peuvent ouvrir une porte de sortie. Sous des abords démocratiques, la Constitution est finalement assez fermée. Assemblée nationale aux ordres de la majorité qui la compose, elle-même assujettie au Gouvernement nommé, initiatives citoyennes étouffées dans l’oeuf car rapidement récupérées par telle ou telle formation politique,…La liste est longue ! Pourquoi ne pas imaginer un Parlement aux pouvoirs bien plus étendus, capable de destituer le Président de la République en l’absence de résultats probants, pourquoi ne pas imaginer un pacte républicain entre les Français et leur président sur la base d’objectifs à atteindre, pourquoi ne pas accorder une écoute plus attentive aux revendications émanant de mouvements populaires (à l’exemple de Nuit debout) au lieu d’accorder une foi aveugle à des études technocratiques, fruits d’énarques certes compétents, mais souvent déconnectées de la réalité sociale, pourquoi ne pas soumettre lui aussi le Gouvernement à une obligation de résultats, ne pas supprimer le 49-3,…

Histoire et inertie

Finalement, ce qui cloche, n’est-ce pas tant l’étroitesse d’une constitution qui confine le président de la République à celui d’un chef d’Etat tout-puissant ou une réalité socio-économique devenue trop complexe pour un texte conçu dans une autre optique que celle d’accompagner le pays dans ses évolutions ? La Cinquième République a été fondée au début d’une ère de prospérité révolue et à jamais perdue. Il serait inutile de croire le contraire. Cette même République appartient à l’Histoire et non au futur (même pas au présent !) mais la France s’y accroche par absence de solution alternative, par peur de l’inconnu qui s’ouvrirait en cas de nouvelle constitution. Et croire que le salut viendra d’un texte écrit au milieu du XXème siècle alors que nous sommes entrés de plain pied dans le XXIème, porteur de mentalités, de raisonnements, de réflexes, de réalités sociales, technologiques et économiques totalement différentes est une erreur, un leurre et un aller simple pour l’inertie et le désespoir.

Sources: (*) Insee

Une défaite rassurante ?

Ballon butPour qui le football n’est pas un centre d’intérêt, la défaite du Paris Saint-Germain le 12 avril dernier face à Manchester City en quart de finale de la Ligue des Champions est un non événement. Pour ceux qui en revanche nourrissent une certaine appétence pour ce sport, la défaite en question est de nature à soulever nombre de commentaires et réflexions. Et passées les considérations tactiques propres au jeu, en voilà un parmi tant d’autres. Ainsi, au regard du budget présenté en début de saison par le club de la capitale, soit peu ou prou 490 millions d’euros, l’élimination à ce stade la compétition peut s’avérer comme dramatique d’un point de vue économique et financier, pour in fine relever de l’accident industriel tant les attentes étaient grandes. Car aujourd’hui, le sport, en règle générale et le football en particulier, est soumis à des impératifs de retour sur investissement qui dictent la conduite que les principaux acteurs, ici les joueurs, doivent tenir. Salariés d’une entreprise à objet sportif, les footballeurs professionnels doivent gagner même si, les faits le prouvent, ils sont d’abord rétribués pour jouer au football. Pour gagner donc, de considérables moyens sont déployés avec pour finalité déclarée : atteindre l’objectif sportif visé, objectif source de nouvelles perspectives économiques, voire politiques dans certains cas.

Coût et corollaire

Au chapitre des moyens donc : joueurs de renommée planétaire enrôlés à grand renforts médiatiques, salaires dépassant le simple entendement, structures d’entraînement au luxe et au confort sans commune mesure,….A cela s’ajoute, un entraîneur réputé ou au passé sportif lourd de succès incontestables, un suivi médical de tous les instants, des séances d’entraînement sur-mesure, une cellule de communication omniprésente, des cours de média-training (pour éviter que les joueurs ne s’égarent devant les journalistes…),…Or, tout ceci a un coût. Prétextant l’amour du beau jeu et l’envie de ravir ses supporteurs, les clubs en question, qui ne sont pas si nombreux à pouvoir aligner un tel budget, attendent cependant que les investissements consentis se traduisent par des résultats probants. Mais les faits sont là : parfois cela fonctionne, parfois non. C’est le lot de la glorieuse incertitude du sport. Et par cette expression consacrée, qui fleure bon un romantisme suranné, nous entrons dans un univers qui échappe complètement aux dirigeants de clubs de football actuels (entendez les très grands clubs) pour qui la victoire est le corollaire naturel et évident de tout investissement. Pourtant, ces derniers doivent en avoir conscience, le sport, fût-il soutenu par des moyens financiers colossaux, reste du sport, pratiqué par des hommes faillibles que l’argent ne rendra par parfait. Cette notion, qui met en évidence la faiblesse naturelle des individus, sans être occultée ou excusée, est donc passée sous le vocable d’accident industriel. Pourtant, une rectification s’impose ! Une ligne de fabrication d’automobile qui tombe en panne, c’est un accident industriel ! Mais une défaite sportive à un stade jugé prématuré de la compétition ( y compris en finale) à laquelle on participe ne peut être considéré comme un accident industriel.

Ce qui est concevable et ce qui ne l’est pas

C’est une défaite et ce n’est rien d’autre, surtout si on devait la comparer aux autres maux qui accablent le monde. Parler d’accident industriel revient à juger le résultat sportif comme une donnée rationnelle, prévisible et dénuée de tout impondérable. Demander à un ordinateur de ne pas faillir est concevable (encore que conçu par l’homme il peut présenter des failles même si les derniers progrès en la matière permettent de créer des unités à même de générer des formes de raisonnements autonomes), demander à des hommes de ne pas faillir parce que leur employeur a investi d’immenses capitaux dans l’objectif à atteindre n’est pas concevable. Il s’agit en l’état d’une vision hautement mercantile du monde et des hommes qui le compose, vision incompatible en tous points avec ce qu’est le sport par essence : imprévisible et inconstant, bref humain ! Et quelque par, la défaite du Paris-Saint-Germain, même si elle plonge les supporteurs du club dans le désarroi (tout est relatif cependant) a quelque chose de rassurant et de rafraîchissant : les joueurs qui ont foulé le terrain, ceux qui étaient assis sur le banc de touch, tout comme leur entraîneur, étaient (et sont encore) des hommes imparfaits, tourmentés d’émotions diverses, capables de commettre des erreurs qui ont contrariées les desseins sportivo-industriels de leur employeur. C’est grave ? Non ! C’est naturel ! Car l’argent ne transformera jamais les hommes en machine.

Sur la route d’Emmanuel Macron

Pour qui roule Emmanuel Macron ? Pour lui ? Plausible. L’homme est jeune et porte beau, incarnant presque à lui seul la social-démocratie sur laquelle beaucoup se sont cassés les dents. Iconoclaste, il n’hésite à pourfendre les dogmes établis en matière économique y compris au sein de son propre parti, ce qui lui vaut la ire de certaines grandes figures du PS. Ambassadeur et instigateur nouvelle génération de la social-démocratie, Emmanuel Macron a ainsi créé un mouvement, et non un parti, la nuance a son importance, pour attirer tout ceux qui à gauche ou à droite sont revenus du clivage traditionnel qui structure le paysage politique français. Donc en route pour 2017 ! Peut-être…Car finalement rien ne le prouve vraiment. Qu’Emmanuel Macron nourrisse de plus grandes ambitions que celles qui l’ont conduit au Ministère de l’Economie est un secret de Polichinelle. Intelligent et sagace, il sait que la troisième voie qu’il propose, remaniée selon ses convictions faite d’un libéralisme assumé et d’une inclination prompte à rappeler le rôle protecteur de l’Etat, sera le socle d’une élection future quand ce ne sera pas celui d’un programme à venir.

Souplesse et trahison

Car pour l’heure point de programme, juste un objectif : celui de rassembler tout ceux qui se reconnaissent dans son projet, un Chaban-Delmas des temps modernes en quelque sorte mais sans le fardeau de l’héritage gaullien. Mais l’homme cumule aussi les handicaps. Jamais élu mais choisi par le prince, il occupe un Ministère cible de nombreuses attaques. Son passé au sein d’une grande banque d’affaires n’est pas non plus totalement oublié. D’ailleurs Emmanuel Macron n’a pas créé un parti mais un mouvement. Plus souple qu’un parti, toujours borné par ses statuts et engoncé dans ses principes idéologiques fondateurs qui lui interdisent toutes saillies vers d’autres formations au risque d’être accusé de trahison, un mouvement est malléable, homogène, non engagé et plus ouvert au débat qu’un parti où les motions (surtout au Parti socialiste) s’achèvent souvent en luttes fratricides sources de désunion. Alors s’il ne roule pas pour lui, pour qui ? Et s’il travaillait pour François Hollande. Le président qui, au cours de son quinquennat a eu beaucoup de mal (et c’est peu dire) à convertir le pays à la social-démocratie, ne se servirait-il pas de son ministre pour labourer le champ électoral afin d’y instiller méthodiquement l’idée que seule la social-démocratie peut sortir le pays de l’ornière et plus encore d’être son avenir. Sachant pertinemment qu’il ne pourra plus compter sur l’aile gauche du Parti socialiste et de ses sympathisants, hostiles à la politique actuelle et peut-être à l’homme, François Hollande ne peut compter que sur le centre gauche, le centre (si la notion a encore un sens), le centre-droit voire certains Républicains (militants ou sympathisants) agacés par les gesticulations au sein de leur famille politique.

Pari et droit d’inventaire

Et envoyer sur le terrain son ministre de l’Economie avec son mouvement En Marche pour ratisser large n’est pas nécessairement un mauvais calcul. Emmanuel Macron s’y forgera un expérience de terrain utile, le président éloignant, dans le même temps et à dessein, un potentiel rival qui pourrait un jour lui échapper, défend aussi son bilan. Une fois convaincue, ce qui est loin d’être acquis, l’opinion balancerait quasi-naturellement vers le président sortant. Car pour beaucoup de Français, mieux vaut une social-démocratie version François Hollande plutôt qu’un libéralisme-social prôné par Alain Juppé, (même si l’homme se prétend modéré) ou que d’autres candidats plus cassants ou moins consensuels. Là encore, l’ordre et le sens des mots ont leur importance. Parler de social-démocratie, c’est placer l’intérêt général avant les questions économiques abordées sous l’angle libéral ; le libéralisme social, c’est l’inverse et reste à savoir quelle place occupera la question sociale. Rien d’innocent donc dans ce nouveau mouvement qui suscite moult commentaires. En cela le pari est déjà gagné et le Président de la République que beaucoup pensaient hors-jeu, y compris son Premier ministre (car en politique il faut toujours se méfier de ses amis et de leurs ambitions), reviendrait dans la course sans avoir eu, pour l’instant, à coup férir. Malin si cela se confirmait car la tactique prendrait de cours nombre de ses adversaires. Mais est-ce que l’opinion sera sensible à la manœuvre qui vise à expliquer que le salut ne passe que par la révérée social-démocratie ? Quant à Emmanuel Macron, il sait qu’il a tout à gagner dans cette affaire. En cas de succès, entendez la réélection de François Hollande, il en sortira grandi et pourra voir plus grand. Dans le cas contraire, il pourra toujours se réfugier derrière un éventuel droit d’inventaire et rompre avec l’héritage hollandien arguant du fait qu’il avait pas totalement les mains libres au regard de sa position de ministre. Et voir tout aussi grand.Emmanuel_Macron_(1)

Risquer d’être battu pour être mieux élu ?

Election_MG_3460.JPG

Etrange paradoxe que celui qui pourrait être celui de François Hollande si ce dernier le faisait sien. Une explication s’impose. A quelques mois de l’élection présidentielle, il devient chaque jour évident que le Chef de l’Etat briguera un second mandat. Gouvernement remanié autour d’une poignée de fidèles convaincus, noyautage des écologistes, réformes accélérées pour remplir un calendrier dont la date butoir, à savoir le premier tour de l’élection, se rapproche. Il faut faire vite pour satisfaire un électorat aux attentes diffuses mais hanté par le chômage. Pourtant une autre réalité s’impose. Jamais Chef de l’Etat n’a été aussi impopulaire sous la Cinquième République. Le Président de la République déçoit, mais pire encore, il a déçu et dans ses rangs mêmes ! On ne pouvait pas faire pire et le scénario actuel ne semble pas présenter d’alternatives autres que celles engagées. Irrémédiablement donc, François Hollande se prépare à l’élection présidentielle avec, au regard de la situation globale du pays, une certitude : celle de ne pas être présent au second tour. Car le sans-dent se révèle rancunier (ce qui prouve qu’il en a encore…). Lâché par ses partisans et ses sympathisants, par un électorat centriste qui finalement se serait accommodé de la rondeur et de l’art de la synthèse hollandienne, le Chef de l’Etat est aussi tiraillé par son propre parti qui veut organiser une primaire à laquelle le locataire de l’Elysée se refuse arguant du fait qu’il est le candidat naturel de la gauche. Le raisonnement pourrait encore être crédible si François Hollande avait, durant cinq ans, mené une politique de gauche (n’allons pas demander une vraie politique de gauche), une politique orientée vers l’intérêt général, le bien-être et l’avenir de la collectivité. Non que nous en soyons à des lieux mais nous en sommes malgré tout assez éloignés et pour tout dire, tout cela ressemble à une politique centriste que Valéry Giscard d’Estaing, voire Georges Pompidou n’auraient pas renié.

L’espoir si….

François Hollande n’est plus le président qui a été élu, même s’il se revendique encore de gauche, nécessité électorale oblige. Revenons donc à cette primaire, dont il est aussi issu et dont François Hollande louait les mérites quand il était encore élu de Corrèze, quand il était dans l’opposition, quand finalement la conduite des affaires de l’Etat ne relevait pas de sa responsabilité. Et si in fine, cette primaire redoutée lui permettait de conquérir à nouveau l’Elysée. Mettons nous à sa place. Impopulaire, le chef de l’Etat craint d’être éliminé du scrutin interne au PS et de la gauche dans son ensemble (pour ce qu’il en reste). Actuellement, il a raison. Le risque de se présenter avec l’espoir d’être choisi pour représenter la gauche à l’élection présidentielle est faible, très faible. A quoi s’ajoutent aussi des convictions mêlant orgueil et certitudes. Mais l’espoir en question n’est pas nul si François Hollande se plie à l’exercice en expliquant en préambule que sa démarche est dictée par la volonté sincère de d’abord susciter l’adhésion chez les siens avant de la susciter chez les autres français. Marque d’humilité et d’honnêteté qui pourrait lui permettre alors d’espérer. Car se présenter devant ses troupes dans les oripeaux d’un impétrant plutôt que dans ceux d’un baron prétentieux aurait certainement un effet plus que positif sur les sympathisants et autres partisans, y compris dans l’opinion publique en général, qui ne pourraient les uns et les autres, toutes convictions confondues, que saluer le courage de la démarche même si celle-ci reste empreinte de calcul politique.

Adversaires déstabilisés

Dès lors annoncer sa candidature à la primaire reviendrait à penser, devant le risque encouru, que l’homme ne se présenterait pas pour un second mandat présidentiel. Ces adversaires, y compris au sein du parti en seraient déstabilisés, interdits devant une telle attitude, ces derniers ne pouvant arguer, eux d’un quelconque bilan même si celui de François Hollande est discutable et discuté. Le gain politique, serait considérable, a fortiori en cas de victoire, en terme d’image, de crédibilité et de capacité à se remettre en question, il renverrait l’homme à sa condition d’homo politicus simple et nu, au point de retourner l’opinion. Non dans sa totalité, mais au moins ceux qui animent son camp naturel et qui l’ont élu en 2012. Naturellement pareille annonce déchaînerait les passions et les commentaires à l’emporte-pièce, violents et incisifs mais sans réelles portées car nourris par la frustration d’un coup politique d’une grande finesse. Toutes glisseraient sur l’homme qui étoufferait ainsi toute polémique en s’en remettant au jugement des siens. L’effet de surprise associé à celui du courage politique entamerait durement le capital confiance d’une opposition qui peine elle à se plier à l’exercice, la droite nourrissant, naturellement, plus facilement le culte du chef que celui du collège électif. Laisser planer le doute d’une potentielle candidature via le périlleux exercice de la primaire au lieu d’imposer le dogme d’une certitude intangible permettrait à François Hollande de se relancer politiquement, même en cas de défaite, l’homme pouvant endosser après coup le rôle d’une autorité morale à la parole respectée. Dans le cas contraire, partir en découdre avec un électorat naturel au mieux fatigué et déçu, au pire amer et perdu, pourrait s’avérer des plus risqués, tout comme la primaire certes, mais avec en prime l’assurance de sombrer définitivement. Et la deuxième question de se poser : Vaut-il mieux perdre la primaire avec grandeur que perdre l’élection présidentielle dans la froideur de l’humiliation ?