Un passé si encombrant…

Richard Ferrand
Combien de temps Richard Ferrand conservera-t-il le sourire ? Crédit photo : wikipédia.org

L’imbroglio Richard Ferrand démontre combien les hommes politiques éprouvent les plus grandes peines à se défaire de leur passé, quitte à le minimiser au risque de se décrédibiliser quand les électeurs et les citoyens attendent exemplarité et probité.

L’affaire Richard Ferrand, où se mêlent vie privée et intérêts financiers, relance le débat sur la probité et l’exemplarité exigées des hommes et des femmes politiques. Nul besoin ici de revenir sur les arcanes de cet imbroglio pour le moins gênant, mais s’intéresser au climat actuel et aux attentes des électeurs reste en l’état essentiel. Ces attentes donc quelles sont-elles ? Les électeurs, et à raison, veulent des élus exempts de tous reproches, uniquement habités par le sens de l’intérêt général et éloignés de toutes affaires pouvant compromettre leur image ou leur réputation, voire leur action. L’exigence ne semble pas hors d’atteinte mais, et c’est son défaut, elle relève, à ce jour en tous cas, de l’utopie. La question est donc de savoir pourquoi ? Et bien parce que tout homme ou femme politique qu’ils soient, toutes celles et ceux qui évoluent dans la sphère du pouvoir sont, avant d’être des élus, des individus quelconques qui ont choisi à un moment de leur vie de se mettre au service de la collectivité, d’une manière ou d’une autre, mais sans pouvoir se défaire de leur passé respectif, quel qu’il soit. Ces vies antérieures, construites loin des projecteurs de l’actualité, leur reviennent ainsi de plein fouet une fois que leur sont confiées les responsabilités auxquelles ils aspirent. Proies faciles des médias mais proies qui semblent faire preuve d’une légèreté aujourd’hui mal acceptée, voire plus du tout, légèreté qui confinerait à une forme de mépris considéré comme acquis.

Légalité et moralité

« Et la moralité !? » s’écrieront certains. Certes. Mais dans de nombreux cas, les affaires, qui poursuivent ceux qui sont embarqués dans des scandales de cet ordre, sont le fruit d’agissements à l’origine légaux et qui ont été pervertis et détournés par la suite. De là penser que la légalité n’est pas toujours morale, il n’y a qu’un pas. Mais ce qui est certains, c’est qu’il est très difficile d’effacer son passé et que celui-ci peut s’avérer gênant à compter du moment où vous prétendez défendre l’intérêt général. Que convient-il alors de faire ? Il est n’est pas question ici de dresser une liste d’interdits, ce qui en démocratie n’a d’ailleurs pas de sens, mais de s’interroger sur ce qui peut être conseillé ou pas. Vouloir incarner la probité et louer le sens du partage ne jouit d’aucune crédibilité lorsque dans le passé celui qui s’en fait le héraut a cédé aux sirènes du profit. Il n’y a rien de honteux à cela et l’attitude relève d’une échelle de valeur qui appartient à chacun, certains voient en l’argent une fin, d’autres un moyen. Et pour de nombreux électeurs, à tort ou à raison, la frontière est ténue. Soulignons-le encore, l’exemplarité exige un passé sans tâche et où l’argent reste encore en France un sujet tabou. Complexe ancestral où se mêlent doute et suspicion sur l’origine des fonds qui ne cessent de faire débat.

Paradoxe et conséquences

Là réside le paradoxe, les hommes et les femmes politiques sont amenés à brasser des millions ou des milliards d’euros dans le cadre de leurs fonctions d’élus mais ils ne doivent en aucun cas avoir fait preuve d’une volonté d’enrichissement personnel, a fortiori si enrichissement il y a eu. Naturellement, nulle loi ne prohibe l’enrichissement pour un élu (à condition que celui-ci soit le fruit d’opérations légales ne détournant pas de fonds publics), mais la loi morale de la conscience collective pèse parfois plus lourd que celles, écrites et révérées, dans le Code Pénal ou le Code Civil. En l’espèce, Richard Ferrand n’a commis aucune faute sauf celle d’avoir tutoyé de trop près l’argent via des montages financiers pour le moins surprenants. D’autres avant lui s’y sont brûlés les ailes au point d’échouer à la magistrature suprême…Pour autant, est-il possible pour quiconque d’anticiper toutes les conséquences de ces actes ? Chacun apportera sa réponse mais il est vrai aussi que dans une démocratie et une société ultra-connectées, il est devenue extrêmement difficile et périlleux de vouloir cacher son passé, ne serait-ce que le minimiser, notamment lorsque celui-ci s’est conjugué avec des relations claires ou douteuses avec l’argent.

De la Quatrième sous la Cinquième

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Obtenir une majorité nette et docile à l’assemblée est un objectif primordial pour le nouveau président. Dans le cas contraire, l’instabilité pourrait devenir la règle. 

Si la fonction première du nouveau gouvernement est d’amener une majorité large et soumise à Emmanuel Macron, la diversité de cette majorité ouvre aussi la porte à une instabilité qu’il faudra assumer sans se renier.

Qu’est-il possible d’attendre du nouveau gouvernement ? Les optimistes, les pro-macron, les marcheurs diront que tout est possible. Les autres, mélange hétéroclite de résignés, de déçus ou simples citoyens trop heureux d’avoir écarté Marine Le Pen, alterneront entre attentisme, voire indifférence. En réalité, il n’y a pas grand chose à attendre du présent gouvernement essentiellement bâti dans la perspective des élections législatives du mois de juin. Et pour Emmanuel Macron, la chose est claire : il n’y aura aucune décision prise avant que ne se soit dessinée une majorité claire à l’Assemblée Nationale. Car même si le nouveau président veut gouverner par ordonnance, il a besoin de l’aval du Parlement pour y procéder et donc, par conséquent, d’une majorité qui lui soit favorable. Ainsi, le Gouvernement actuel, qui expédiera les affaires courantes jusqu’au prochain remaniement à venir après le second tour des élections législatives, n’a pour autre fonction que de séduire le plus large panel d’électeurs venus de gauche, de droite et du centre. La mission est claire et ne souffre aucune contestation. Et tant pis sir certains ministres nommés le sont pour la façade. Affirmer que les ministres choisis par Edouard Philippe resteront en place après l’élection du nouveau Parlement est somme toute assez risqué.

Cohabitation et majorité

D’abord, parce qu’un risque de cohabitation n’est pas exclu, bien que celui-si soit faible en raison de l’état avancé de délabrement des partis traditionnels, ensuite parce que le corps électoral n’est pas enclin à revivre l’expérience vécue en 1986 et 1997. Mais si les ministres actuels sont assis sur des sièges éjectables (tout ministre l’est cependant quelque soit la configuration politique), c’est tout simplement car leur mission ne relève que du contrat à durée déterminée avec pour mission, répétons-le, d’amener à l’assemblée une majorité nette et docile à l’assemblée. Nette et docile sont pourtant des adjectifs qui, en l’occurrence, restent objets de moult discussions et commentaires. Pourquoi ? Car en déstructurant le paysage politique, en faisant exploser les clivages ancestraux qui bornaient la vie politique française, Emmanuel Macron prend aussi le risque de les dissoudre au sein de l’assemblée et de la majorité qui le servira. Allier un député de gauche avec un député de droite n’est pas incohérent tant que l’un et l’autre sont d’accord, ce qui n’est pas interdit et qui est tout à fait imaginable. Mais si d’aventure un désaccord apparaît, le risque de défection apparaît aussi pour peut-être s’imposer comme un véritable danger d’instabilité parlementaire. Car le risque auquel s’expose Emmanuel Macron est là : celui de mettre sur pied une majorité nette certes mais fragile et versatile. Bref une majorité que la Quatrième République n’aurait pas renié au sein même de la Cinquième.

Dualité et Union nationale

Deux solutions alors : la première est d’accepter cette potentielle instabilité comme mode de fonctionnement ; la seconde est de revenir à une dualité classique gauche – droite, certes paralysante (car c’est contre celle-ci qu’Emmanuel Macron s’est dressé et fait élire) mais plus confortable pour l’exécutif, encore que les frondeurs ont mené la vie dure à François Hollande pendant son quinquennat. Emmanuel Macron joue ainsi un jeu dangereux qui consiste à promouvoir une forme de gouvernement d’Union nationale qui ne dit pas son nom mais qui expose le pays à une vraie forme d’instabilité. Et n’est pas Clemenceau qui veut… ! « Oui ! Mais il y a le 49.3 ! » s’écrieront certains. Certes ! Sauf que le Président a proposé de le supprimer. A moins que la Raison d’Etat ne l’emporte et que devant le risque d’une motion de censure ou d’un désaccord majeur à même de bloquer le pays, Emmanuel Macron préfère le conserver plutôt que d’organiser des élections législatives anticipées. A choisir l’option, louable, d’un monde politique déstructuré, défait de tout clivage apparent et trans-partisan, Emmanuel Macron a aussi ouvert la voie aux risques qu’il comporte. A lui de les assumer désormais et de ne pas trop jouer avec le feu. Le sien, celui qui l’a mené à l’Elysée, fût-il sacré.

La Boîte de Pandore du Président Macron

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Outre les attentes nourries par l’élection d’Emmanuel Macron, se pose aussi la capacité du nouveau président de régénérer un tissu social délité.

La victoire d’Emmanuel Macron sanctionne-t-elle la victoire de l’esprit sur la médiocrité ? Ou est-elle le premier pas vers le passage de notre société vers le XXIème siècle ? Suggestions de réponses.

Voilà donc Emmanuel Macron président. Celui qui, comme l’ont déjà souvent répété plusieurs commentateurs, inconnu il y a encore trois ans, est désormais à la tête d’un pays soucieux (et c’est tout à son honneur) d’éviter coûte que coûte le péril brun que promettait le Front National (lire  sur lemonde.fr :  Présidentielle : de Lille à Bobigny, « on n’avait pas le choix pour éviter le pire »). Coûte que coûte en effet car en élisant Emmanuel Macron parce qu’il incarne l’antithèse du parti d’extrême droite, parce qu’il donne corps aux valeurs républicaines auxquelles nombre d’entre nous sommes attachés, les Français ont fait le choix de la raison contre le chaos. Reste désormais à savoir pourquoi et pour quoi a été élu Emmanuel Macron. Dernier rempart contre l’extrême droite, il a aussi été choisi pour son programme jugé, par certains et par ses adhérents, trans-partisan, au-delà des lignes de fractures classiques entre droite et gauche. Voilà pour les explications premières et dont beaucoup se contenteront. Mais n’en existe-t-il pas d’autres ? Il n’est pas ici question d’en dresser la liste aboutie, au risque (et ce serait bien normal) d’être taxé de prétention mais il n’est pas interdit de s’interroger sur ces raisons. Ainsi, n’est-il pas inutile de se demander si Emmanuel Macron n’a pas profité d’un extraordinaire concours de circonstances où se marient inertie coupable des partis politiques classiques, désillusion collective, perte de foi en la capacité des hommes et femmes politiques d’appréhender les mutations globales et montée exponentielle d’une médiocrité érigée en principe de fonctionnement devenue insupportable. Une explication s’impose.

Médiocrité contre sagacité

D’abord, il convient de reconnaître deux qualités à Emmanuel Macron, indépendantes des autres qui lui permettront (espérons-le) de diriger le pays. Ces qualités sont la sagacité et la perspicacité. L’une et l’autre lui ont permis de comprendre les attentes des Français et de saisir l’instant propice pour se présenter et être élu. Qualités rares qui ont manqué à ces prédécesseurs. Emmanuel Macron a su humer le temps, sentir les inflexions silencieuses et invisibles de l’opinion au point de les intégrer, les analyser et les verbaliser dans un discours qui a su séduire un électorat avide de changement. Sera-t-il à même de l’amorcer ? C’est une autre histoire. Mais outre ses qualités intrinsèques, Emmanuel Macron a aussi profité de la déliquescence globale et générale de notre société. L’érosion des repères sociaux et la perte de sens qui rongent notre société, et pas seulement la notre d’ailleurs, a profité au jeune prétendant. Outre-Atlantique, c’est un populisme borné et grossier qui a raflé la mise. En France, Emmanuel Macron, tout l’inverse de Donald Trump. Ainsi, est-il erroné d’affirmer aujourd’hui que nous vivons dans une société où tout est possible ? La question, à l’aune des événements actuels, devient de fait rhétorique et n’appelle par conséquent aucune réponse. Comment en est-on alors arrivé ce point ? Là encore plusieurs raisons s’entrechoquent : Institutions inadaptées aux évolutions mondiales, égalitarisme forcené, incapacité chronique à interroger le Monde et notre présence en son sein, volonté acharnée, par instinct ou par peur, de conserver les attributs d’un monde et d’une civilisation aujourd’hui dépassés, glorification croissante, consciente ou inconsciente, de la bêtise, de la vacuité intellectuelle, de l’ignorance crasse au détriment de la culture et du savoir salvateur et émancipateur.

Victoire et défaite

L’élection d’Emmanuel Macron est à la fois la victoire d’une génération, celle née dans les années soixante-dix promise à un destin mais qui n’a jamais profité que des miettes de celui-ci, victoire d’une forme d’énergie dont l’avenir dira si elle était porteuse de changements lourds, et victoire de l’esprit sur l’obscurantisme des extrêmes. Mais elle est aussi la défaite des modèles idéologiques (libéralisme et marxisme) qui ont longtemps structuré et guidé nos sociétés, défaites de certaines élites sociales incapables d’imprimer les contours d’un avenir collectif, défaite de la pensée collective, celle qui anticipe les évolutions du monde, et défaite d’un monde post-moderne, incapable de se renouveler, convaincu d’être l’incarnation d’une civilisation aboutie. Alors in fine, l’élection d’Emmanuel Macron est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Journalistes et commentateurs n’apporteront pas la réponse mais l’Histoire se nourrira de leurs observations actuelles pour le démontrer. (Lire sur lefigaro.fr : «Macron veut changer le système par la voie de la monarchie présidentielle») En revanche, indépendamment des aspects techniques de son programme, le nouveau président de la République, qui a su se glisser dans l’espace invisible ouvert par le délitement des lignes et des repères sociaux et politiques qui prévalaient jusqu’alors, sera attendu sur sa capacité à régénérer le tissu social d’un pays épuisé et en proie au doute (comme le montre le résultat de l’extrême droite), à dépasser les peurs et les angoisses et, surtout, à rompre avec les réflexes de l’ancien monde. Bref ! Passer au XXIème siècle.

Dépression d’Etat

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Si les réformes devant clarifier la vie sociale et économique du pays sont impérieuses, le prochain président devra aussi soigner la fatigue psychologique d’un pays épuisé.

Plus que d’engager des réformes certes impérieuses, le prochain locataire de l’Elysée devra surtout trouver les solutions pour guérir la dépression nerveuse dont souffre le pays. En commençant par bannir le retour sur soi et les intérêts partisans.

Diriger un Etat n’a rien d’aisé ou d’une sinécure. Ceux qui affirment le contraire n’ont jamais éprouvé la chose (rares le sont d’ailleurs) ou se vautrent dans des certitudes teintées d’ignorance crasse. Bref ! Donc diriger un Etat n’a rien d’aisé et diriger la France, comme s’apprête à le faire le prochain président, ou présidente, de la République, reste un défi lourd dans la vie de celui, ou celle, qui a été choisi ; tout comme il peut l’être dans n’importe quel pays du monde pour celui qui a été désigné. Pourtant, le ou la prochain(ne) président(e) de la République, devra non seulement engager les sacro-saintes réformes que le pays attend depuis des décennies (certainement aussi difficiles à engager qu’à exposer aux Français lorsque les vivre sera un autre débat) mais peut-être avant toute chose prendre conscience d’une réalité que la campagne présidentielle actuelle semble avoir éludé. Cette réalité, simple, s’exprime dans la fatigue psychologique et nerveuse des Français. Chômage de masse insupportable, mondialisation mal appréhendée, terrorisme rampant, tensions sociales…sont autant de paramètres qui devront être pris en compte, non seulement en tant que tel par le prochain locataire de l’Elysée, mais surtout considérés comme éléments moteurs de la fatigue, nerveuse et sclérosante dans laquelle les Français baignent depuis de nombreuses années.

Colère et résignation

Inutile d’évoquer un quelconque tournant historique de la vie politique française que recèlerait cette élection (le tournant ne sera historique que si celui-ci, à l’aune du temps long, reste inscrit dans l’Histoire comme un moment clef du roman national), mais plutôt l’opportunité de modifier l’approche que nombre d’hommes et de femmes politiques nourrissaient à l’endroit du pays. Le prochain locataire du Faubourg Saint-Honoré devra d’abord réconcilier le pays avec son histoire, avec ce qu’il est et ce qu’il est devenu. Sans faire table rase du passé, il devra faire accepter ses erreurs et ses faiblesses, ses reniements et ses trahisons sans diviser un peuple fragile et fragilisé. Là encore, inutile d’évoquer deux France, deux peuples divisés entre ceux qui bénéficieraient d’avantages quelconques jugés indus (les fameuses élites) et ceux qui n’auraient rien pour ne jamais cesser de souffrir. Vision simpliste, facile et pratique, qui pousse à détourner les yeux d’une réalité bien plus complexe, réalité qui renvoie l’homme ou la femme politique à ses responsabilités : celle de gouverner un pays en proie au doute et non pas une frange de la population. Cette fatigue psychologique que fait régner les paramètres évoqués plus haut, est devenue si prégnante qu’elle est parvenue à écoeurer nombre d’électeurs de s’exprimer sur le destin du pays ou de l’exprimer via des candidats au discours violent et destructeur. Mais elle a aussi pour effet de nourrir un sentiment de résignation et de banalisation aussi dangereux que les partis soucieux d’exploiter, à dessein malsain, la colère et le ressentiment de certains. Alors plus que de réformes, certes indispensables, le prochain président de la République devra être ferme mais pas autoritaire, réaliste mais pas austère, compréhensif sans pour autant céder à toutes velléités, empreint d’intérêt général et non défenseur d’intérêts partisans, trouver des solutions et non pas flatter le compromis, s’ouvrir au monde et non pas le redouter. La tâche s’annonce rude et complexe tant le pays a perdu une grande partie de sa confiance en soi. Les raisons sont multiples mais, à la tête de l’Etat, comme premier de cordée, celui qui s’installera dans le fauteuil tant convoité le 7 mai au soir devra ouvrir la voie de l’espérance et non en fermer la porte au profit du repli sur soi, moteur d’un doute destructeur. Attendons donc le 7 mai pour savoir qui héritera du privilège d’administrer sa thérapie.