Jean-Luc Mélenchon, une énigme en politique

Entre lyrisme et culture politique, Jean-Luc Mélenchon se pose aujourd’hui comme le seul opposant à Emmanuel Macron. Mais cette opposition, souvent violente, masque des ambitions difficiles à cerner dans un environnement politique où le clivage gauche-droite semble rejeté.

Que cherche Jean-Luc Mélenchon ? Ou, plus précisément, que veut-il ? Si l’objectif du président du groupe parlementaire de la France insoumise à l’Assemblée Nationale est de s’imposer comme premier opposant à Emmanuel Macron, l’objectif est atteint. Devant des Républicains et un Parti socialiste amorphes et démembrés, l’un et l’autre au bord de l’implosion après avoir été siphonnés par La République en marche, il apparaît que l’ancien ministre délégué à l’Enseignement professionnel de Lionel Jospin est effectivement devenu le seul scrupule dans la chaussure du Président de la République. Reste à savoir désormais si le locataire de l’Elysée redoute l’homme et les dénonciations quasi-quotidiennes de celui-ci à l’endroit du pouvoir. Pour l’heure, rien ne semble indiquer, officiellement, qu’Emmanuel Macron tremble. Les prochaines échéances électorales nationales prévues en 2017 laissent à l’un et à l’autre le temps, pour l’un de fourbir ses armes, pour le second de peaufiner son mandat en se se dotant d’un bilan sensé le reconduire à l’Elysée. Mais tout cela ne répond en rien à la question originelle. Que veux Jean-Luc Mélenchon ? Son objectif ultime est-il de conquérir le pouvoir suprême ou simplement d’agiter la sphère politique en gênant et déstabilisant Emmanuel Macron et la majorité parlementaire qui l’accompagne pour influer sur la politique sociale menée ou à venir.

Jules César et Pompée

A ce jour, Jean-Luc Mélenchon crie, s’insurge, vitupère contre la politique d’Emmanuel Macron engrangeant ainsi, du moins est-ce l’un des objectifs, un nombre inconnu de déçus du Parti socialiste ou de La République en marche et qui voit en Jean-Luc Mélenchon une nouvelle alternative anti-libérale et progressiste (lire l’article sur lemonde.fr : Bataille idéologique entre MM. Macron et Mélenchon ). Or cette tactique, peut effectivement, à terme porter ses fruits ; a fortiori si l’homme stigmatise ses critiques sur la politique pro-patronnale ou libérale du président élu. Mais en l’absence d’échéances nationales proches, il sera impossible à Jean-Luc Mélenchon de mesurer la portée de son discours. Profitant de la déconfiture du Parti socialiste pour grossir les rangs de ses soutiens, Jean-Luc Mélenchon ne propose aujourd’hui en terme politique guère plus que ce que sa campagne présidentielle a laissé entrevoir. Celui qui, de Proudhon à Blanqui, de Jaurès à Blum, présente, dans un syncrétisme original et inédit, tous les contours de ses prédécesseurs progressistes en leur empruntant thématiques et héritages, agite plus qu’il n’agit. Et est-ce suffisant pour mobiliser un électorat qui a massivement voté pour Emmanuel Macron, électorat visiblement usé par le clivage gauche-droite qui prévalait jusqu’alors sans pour autant interdire moults collusions devenues insupportables au dit électorat ? Dès lors Jean-Luc Mélenchon, et peut-être est-ce son objectif in fine, ne chercherait-il pas à agréger à gauche de l’échiquier un ensemble hétéroclite, progressiste, plutôt eurosceptique, à même de peser sinon dans les urnes du moins socialement, quitte à battre le pavé aussi souvent que nécessaires à ses yeux ? Créer une masse d’opposition, semblable à celle que représentait la classe ouvrière au XIXème siècle ne serait-il pas le but de Jean-Luc Mélenchon ? Lui le populares*, défenseur officiel du peuple, à l’image de Jules César il y a vingt-deux siècles, face à Emmanuel Macron, l’optimates*, présenté comme le défenseur d’une oligarchie arrogante et égoïste, comme le fut Pompée, a tout à gagner dans cette entreprise où les adversaires ont déclaré forfait par K-O. Pour autant, la route que s’est tracé Jean-Luc Mélenchon, difficile à imaginer, devra tenir compte de cette recomposition du paysage électoral français où prévaut une forme de volonté de changement dénuée d’empreintes libérales ou marxistes trop lourdes. Si l’homme rêve aujourd’hui d’une République du peuple pour le peuple, à l’image de celle de 1848, celui-ci sait aussi que les institutions de la Cinquième République restent pour le moins coercitives à qui voudrait s’émanciper de leurs natures et de leurs origines.

* Les Populares formaient une tendance politique populiste qui marqua la République romaine, notamment au IIème siècle av. J.-C. , en s’appuyant sur les revendications des couches les plus pauvres de la société romaine et des non-citoyens. (Source : wikipédia.org)

*Les Optimates constituaient une tendance politique conservatrice qui marqua le dernier siècle de la République romaine, par son opposition aux Populares. (Source : wikipédia.org)

Réinventer l’Humanité

Aube
Les changements climatiques à venir pousseront nécessairement l’Humanité à créer et à inventer de nouveaux mode de vie, de pensée et de fonctionnement. Mais lesquels ? Crédit photo : Pixnio.com – Libre de droits

Si le changement climatique présente aujourd’hui des aspects visibles et évidents, les bouleversements qu’il engendrera dans les décennies à venir pousseront l’Humanité à se réinventer. Explications.

Les catastrophes naturelles qui ravagent actuellement les Caraïbes et le Golfe du Mexique confirment, à tous le moins une évolution du climat tendant non pas à modifier la fréquence des ouragans ou des tornades mais plutôt leur violence intrinsèque, au pire un réel changement du climat en question et ce à l’échelle mondiale. (Lire l’article sur lachainemeteo.com :  Climat : Les ouragans sont-ils plus nombreux à cause du réchauffement ?) n’est nul besoin de rappeler les dévastatrices coulées de boues qui ont frappé en août dernier la Sierra Leone (lire article sur liberation.fr : La Sierra Leone enterre ses morts après des coulées de boue dévastatrices ), coulées qui s’ajoutent à la liste des fléaux naturels passés. Pour autant, ce constat effectué et acquis, la question qui se pose à ce jour est donc de savoir si l’Humanité est prête aux changements qui ne s’amorcent plus pour la simple et bonne raison qu’ils sont déjà là. Certains argueront que le Monde est prêt. D’autres avanceront le contraire. Au vu des derniers événements, il semble que ce sont les seconds qui ont raison. Mais là encore se pose la question de savoir ce que signifie être prêt ? S’il s’agit de prévoir matériellement une catastrophe en stockant denrées et médicaments, en préparant les infra-structures à subir de lourdes intempéries ou en alertant les populations que les cieux vont se déchaîner alors, soyons honnêtes, il est excessif d’évoquer une quelconque préparation. Tout au plus s’agit-il d’un ensemble de de précautions certes louable mais qui ne peut s’inscrire dans la durée.

Bouleversements culturels et économiques

Préparer l’Humanité aux changements climatiques appelle d’autres obligations que les pouvoirs publics, légitimés par les peuples qu’ils dirigent, vont devoir amorcer au plus vite et de manière extrêmement large. Car l’augmentation globale des températures, la montée des eaux de mers liée à la fonte des glaces et glaciers, la multiplication des catastrophes du type Irma ou Harvey vont tous et entre autres demander des efforts considérables d’adaptation tant au niveau politique, économique que culturel. La remise en question à laquelle l’Humanité est aujourd’hui confrontée est gigantesque, la nier relevait de l’aveuglement. A titre d’exemple, et d’un point de vue économique, esclaves du pétrole et des dérivés que nous sommes, l’industrie automobile devra nécessairement bouleverser ses chaînes de production pour ne produire à terme (la durée est à déterminer) que des véhicules électriques ou autre mais en tous cas qui ne seront plus propulsés via une énergie fossile. L’entreprise BMW a d’ailleurs annoncé qu’elle s’y préparait dès à présent (Lire l’article sur lusinenouvelle.com : BMW revoit son modèle de production pour sa i3 électrique) Politiquement, il est probable que l’Humanité soit obligée de faire le deuil des grands affrontements idéologiques qui ont nourri son Histoire pour ne se consacrer qu’à la préservation de l’intérêt général qui se muera rapidement en intérêt écologique. Mais c’est certainement d’un point de vue culturel que la révolution idéologique sera la plus profonde. Comment en effet, changer des siècles, voire deux millénaires d’habitudes.

Nouvelle histoire

Concrètement, qui imagine aujourd’hui abandonner sa voiture pour, dans l’hypothèse de trajets courts, opter pour le vélo ou un transport en commun (écologique naturellement!) ? Qui s’imagine abandonner de porter des vêtements en fibre synthétiques parce que conçus à base d’énergie fossile ? Il existe pléthore d’exemples à même d’engendrer les changements culturels auxquels nous serons fatalement confrontés. Alimentation, santé, médecine, déplacements, logements…La liste est longue et non-exhaustive tant l’Humanité a collectionné et collectionne encore rites et habitudes dont elle croit ne pouvoir se passer. Et pourtant, il faudra bien sortir la tête du sable ! Et c’est ce qui sera certainement le plus difficile à accepter. Les différents peuples qui ont habité les multiples régions du monde, qui y on fait souche pour développer des cultures propres adaptées à l’environnement qui a longtemps été le leur devront désormais accepter l’idée que leur propre histoire n’est en rien finie ou bornée par leur univers proche. Au contraire, le changement climatique et les changements géographiques induits vont pousser l’Humanité à s’interroger sur ces actes, à se responsabiliser en créant de nouveaux mode de vie. Bref ! A se réinventer une nouvelle Histoire.

L’impossible dilemme

Dilemme
Quelle que soit la décision prise par Donald Trump, celui-ci sortira toujours perdant. L’humiliation par le silence et l’inaction ; La responsabilité du chaos de la guerre par une intervention armée. Crédit photo : Pixabay.com

Les provocations nord coréennes poussent Donald Trump dans ses derniers retranchements au point de révéler le vrai caractère du locataire de la Maison Blanche et la véritable teneur de son mandat. In fine, le président américain sortira toujours perdant de cette crise diplomatique. Explications.

Si la probabilité pour que la crise nord-coréenne débouche sur un conflit armé reste faible, et ce en dépit des événements qui pourraient laisser penser, voire augurer, le contraire, celle-ci a au moins le mérite de révéler, en partie du moins, la vraie nature de Donald Trump. Arrivé à la Maison Blanche, auréolé de son franc-parler et de sa prétendue capacité à rendre à l’Amérique sa grandeur passée et révolue (Make America great again !), il apparaît pourtant aujourd’hui que Kim Jong Un, le dictateur trentenaire de Pyong Yang soit parvenu à acculer et à déstabiliser le président américain dans ses derniers retranchements en lui lançant cyniquement : « Chiche ! » (Lire l’article sur lepoint.fr : Donald Trump face au révélateur nord-coréen) . Certes, à ce jour, l’option militaire pour mettre fin aux provocations de Kim Jong Un est clairement posée sur la table comme une alternative possible. Mais possible seulement. Et c’est toute la question, Donald Trump franchira-t-il le cap ? Osera-t-il lancer contre la Corée du Nord une attaque militaire, conventionnelle ou non, en assumant de fait et par conséquence les retombées diplomatiques, politiques et géostratégiques qui en découleraient ?

Silence ou action

Le dilemme auquel est confronté Donald Trump est par essence cornélien. Concrètement, soit il laisse Kim Jong Un poursuivre ses essais, tout en agitant le spectre d’une intervention précédée d’une résolution de l’Organisation des Nations Unies, ensemble qui équivaudrait à faire volte-face ; soit le président américain, motivé par diverses raisons qui tiennent tant de la nécessité politique et internationale que de l’ego et de l’orgueil blessés, engage un conflit avec l’une des dernières dictatures communistes du Monde avec des conséquences dantesques. Cornélien problème donc : le silence de la soumission ou l’action aux effets encore mal définies. Car en multipliant les essais balistiques et nucléaires, Pyong Yang est parvenu à tenir la dragée haute, voire à humilier la communauté internationale en la renvoyant à ses contradictions tout en prouvant les limites, si besoin était, de l’ONU. A ce jour, il est évident que Kim Jong Un ait cure des protestations internationales et américaines se moquant avec ironie des sanctions actuelles ou à venir. Preuve en est : il multiplie les provocations sans que quiconque n’agisse physiquement. (Lire l’article sur leparisien.fr : L’implacable ascension de Kim Jong Un) Certes Donald Trump fulmine et enrage mais est bien contraint d’avaler la ciguë. Idem pour l’ONU qui ne tardera pas à voter une résolution prônant plus de sanctions contre la Corée du Nord. Mais lesquelles ? Et la Maison Blanche de se tourner vers Pékin, certes prompt à condamner Pyong Yang mais moins enclin à voir s’effondrer le régime Nord-Coréen au profit de la Corée du Sud ou d’une présence étrangère, américaine probablement, à ses frontières. Donald Trump est donc pris dans l’étau du chantage et de la terreur du feu nucléaire.

Défiance et responsabilité

Un chantage des plus cyniques car toute intervention américaine visant à destituer Kim Jong Un serait très mal apprécié par Pékin ; une terreur nucléaire assimilée à un cercle vicieux car le premier qui l’emploierait serait naturellement amené à en subir à son tour les conséquences. L’infranchissable serait alors dépassé et le monde basculerait dans une incertitude lourde, voire chaotique. Voilà comment, un trentenaire au sourire glacé, est parvenu à défier la plus grande puissance du monde et son président en testant l’un et l’autre afin de savoir quel était le niveau de courage et de responsabilité du second. Combien l’image internationale et nationale de Donald Trump, déjà largement écornée, serait-elle encore plus ternie si la crise devait s’enliser dans une multiplication de provocations nord-coréennes sans réponse américaine . Et combien serait lourde la responsabilité de Donald Trump d’ouvrir le feu, quel qu’il soit, contre la Corée du Nord, sans connaître précisément la nature armée de la réponse et tout en ignorant la réaction de Pékin. Périlleux dilemme auquel est donc aujourd’hui confronté Donald Trump. Reclus dans son pays prison, Kim Jong Un se sait ô combien en sécurité et ne doit certainement pas manquer de se gausser des gesticulations américaines, si lointaines, si inoffensives.