Pythie, Cassandre ou simple pantin ?

Greta Thunberg ne cesse de bouleverser le discours écologique mondial en renvoyant responsables et dirigeants politiques à leurs responsabilités. Mais l’adolescente ne serait-elle pas le symbole d’une absence de volontarisme international en matière environnementale ?

Au lendemain de son allocution devant les députés de l’Assemblée Nationale, moult commentaires ont ponctué la prestation de Greta Thunberg, jeune militante écologiste suédoise dont le discours émeut, tout autant qu’il l’irrite, la planète entière. Or de sorties médiatiques en grèves scolaires, une question se pose aujourd’hui : Que vaut le discours de Greta Thunberg ? Plus précisément quelle peut être sa portée qui ne peut finalement se révéler que politique désormais ? Sur ce point, l’adolescente a levé toutes les ambiguïtés possibles, non sans ironie, puisque celle-ci entend pousser les différents pays du monde, et leurs dirigeants en particulier, à agir activement pour imaginer un avenir autre que celui qui se dessine. (lemonde.fr :https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/07/23/)

Phénomène et rigueur scientifique

Mais au-delà des intentions de la jeune femme, beaucoup s’interrogent sur la pertinence et l’origine du discours qu’elle défend aujourd’hui, à savoir à l’aune de quelles sources et de quelles recherches Greta Thunberg se nourrit-elle pour se poser en égérie de la cause écologiste. La question trouvera certainement une réponse dans la succincte biographie facilement identifiable sur Internet et qui lui accorde une parenté avec le prix Nobel Svante Arrhenius (1903) qui a dès 1896 établit une « première estimation de l’impact de l’augmentation du taux atmosphérique de dioxyde de carbone sur la température terrestre »* Pour autant, et passée la caution scientifique dont chacun appréciera la valeur, il n’est pas inopportun de s’arrêter sur Greta Thunberg en qualité de phénomène social d’ordre planétaire. Car la jeune femme traduit à elle seule les atermoiements de notre temps face à l’urgence climatique. Si d’aucuns se sentent irrités par les propos de la jeune femme, se considérant comme tancés par une gamine, d’autres y voient au contraire une forme de courage que seul son jeune âge est en mesure de défendre car non encore pollué par les contraintes et les réalités du monde dans lequel elle évolue. (lesinrocks.com : https://www.lesinrocks.com/2019/07/25) Mais une évidence s’impose, sa voix porte ! Et au-delà des frontières de sa Suède natale au point d’être invitée dans les représentations nationales ou primée pour son engagement qui pour l’heure ne s’est pas traduit dans les faits. Et sa voix est celle d’une adolescente non celle d’un chercheur patenté, fort de travaux reconnus s’appuyant sur une rigueur scientifique éprouvée.

Cause et pauvreté intellectuelle

Certains, répétons-le, trouverons cela rafraîchissant et encourageant, mais est-ce que l’immixtion de Greta Thunberg dans le discours et la cause écologiste ne traduit pas aussi la pauvreté et la sécheresse intellectuelles d’une classe politique mondiale incapable d’unir ses efforts afin de lutter contre le réchauffement climatique ? Plus que jamais désarmée et impuissante, voire ridiculisée, face à la candeur de Greta Thunberg, qui confine presque au cynisme, cette même classe politique donne le sentiment de s’en remettre à une adolescente sincère mais à ce jour totalement dénuée de moyens d’action directs ou indirects. Et une autre question d’émerger : tout cela est-il finalement crédible ? Cruel commentaire que celui-ci mais est-il audible que l’Humanité s’en réfère à une adolescente certes honnête dans son engagement et pour le moins charismatique afin de résoudre l’urgence climatique ? D’aucuns argueront qu’elle se fait le porte-voix de l’angoisse croissante qui agite la planète et en particulier sa jeunesse (celle des pays occidentaux) mais a-t-on réellement besoin d’elle pour en saisir le sens et la valeur ?

* Sources : Wikipédia

Le ministre, le pouvoir et l’argent

Si les fautes commises par l’ancien président de l’Assemblée Nationale sont patentes et inexcusables au regard de ses fonctions, s’interroger sur le fonctionnement des ministères et des fonds accordés relève désormais de la nécessité.

La démission de François de Rugy de son poste de Ministre en charge de la transition écologique apparaîtra, en tant que telle, dans quelques semaines comme un vague souvenir qui se perdra dans la torpeur de l’été. (Lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/16/le-ministre-de-la-transition-ecologique-francois-de-rugy-a-presente-sa-demission_5490012_823448.html ) Ce qui en revanche restera et marquera les esprits, c’est, outre le discrédit que les agissements de l’ex-ministre a porté à l’action écologique, le sentiment qu’en dépit de efforts voulus par le Président de la République, les pratiques de ce que l’on nomme l’ancien monde sont encore bien présentes et surtout bien ancrées dans les mœurs de ceux qui accèdent aux charges ministérielles. Et il est fort à croire qu’elle continuent de l’être tant que les responsables politiques seront dotés de moyens financiers qui échappent, non pas à tout contrôle, mais du moins à un contrôle plus strict.

Fidélité et exemplarité

Il conviendra, si le Président de la République, entend être fidèle à ses engagements, soit de surveiller au centime près les dépenses engagées par les ministres et secrétaires d’Etat, soit de totalement réformer le système de financement des ministères et de ceux qui les occupent. Car pour l’heure, l’opprobre prévaut. Et pis que tout ! La défiance ! Si le scandale De Rugy passera comme tous les scandales ayant à ce jour éclatés, la trace que celui-ci laissera dans l’opinion, déjà irritée, ne sera en rien effacée par la démission de l’ancien président de l’Assemblée Nationale. Et voilà que ressort encore la notion d’exemplarité, appelée par tous pour être l’apanage de ceux qui sont nommés à des postes sensés servir l’intérêt général. Il paraît difficile d’exiger des prétendants un certificat de moralité tout comme il est malaisé de subodorer un quelconque goût du luxe chez ces mêmes impétrants ministres. Seulement voilà, le pouvoir est souvent une drogue qui pousse certains à perdre le sens des réalités ou des responsabilités qui leur incombent. Les Hommes ne sont que des Hommes.

Pouvoir et cynisme

Triste constat mais d’une telle réalité qu’il confinerait presque au plus violent cynisme. Faillibles comme Eve devant la Pomme du Jardin d’Eden, les Hommes, pour certains en tous cas, ont du mal à résister à la tentation et à la facilité que le pouvoir confère. Il ne s’agit en rien ici d’exonérer le ministre fautif, loin s’en faut car son comportement terni plus encore une classe politique très affaiblie, mais plutôt de s’interroger sur la pertinence de notre mode de fonctionnement en la matière. Une vraie réflexion est donc à mener sur le fonctionnement de nos ministères, sur l’attribution des fonds accordés à chacun d’un, à un protocole de surveillance à appliquer…Bref ! Réformer en profondeur un système qui encore une fois a montré ses limites par les excès qu’il est capable de générer. Comment ? En soumettant les dépenses envisagées par les ministères à la représentation nationale. CE n’est qu’une idée et il y en a bien d’autres. Car ne pas engager cette réflexion relèverait du masochisme…

L’impossible équation ?

Le traité de libre-échange signé entre l’Union Européenne et le Mercosur renvoie en filigrane aux questions de sécurité alimentaire et de protection de l’environnement dans un contexte de croissance démographique continue.

Critiqué avant même d’être validé, l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur (ndlr : Mercado comùn des Sur –  Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay, Venezuela, Bolivie) renvoie les deux entités politiques mais plus largement encore l’Humanité à ses contradictions en matière de sécurité alimentaire et de protection de l’environnement, les deux notions étant finalement intrinsèquement liées. En matière de sécurité alimentaire d’abord car avec une population mondiale de 7,7 milliards d’habitants à l’heure actuelle et qui devrait atteindre selon les projections démographiques 10 milliards en 2050 (Lire futura-sciences.com : https://www.futura-sciences.com/sante/), la question des capacités alimentaires mondiales se pose désormais avec acuité : Les ressources alimentaires mondiales seront-elles suffisantes pour nourrir l’ensemble de la planète à l’orée des années 2050-2060 ?

Effets et pesticides

Un tel accord, présenté comme tel en tous cas, l’avance et le suppose mais l’alliance entre le les pays du Mercosur (290 millions d’habitants) et l’Union européenne (512 millions d’habitants) n’est pas un accord mondial mais seulement intercontinental, il est donc limité dans ses effets et sa portée à une sphère Europe – Amérique du Sud tout en restant placé sous le sceau d’un traité essentiellement économique et commercial. (Lire lesechos.fr : https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/lunion-europeenne-et-le-mercosur-signent-un-traite-de-libre-echange-historique-1034261 ) D’aucuns argueront, et à raison, que ce traité n’a pas de vocation internationale mondiale mais qu’il conclut des négociations amorcées il y plus de vingt ans et qui trouvent ici leur épilogue. Parallèlement, cet accord est aussi porteur d’inquiétudes quant à la protection de l’environnement. Les pays du Mercosur, Brésil et Argentine en tête, grandes puissances agricoles mondiales (Le Brésil est même nommé la Ferme du Monde) ont recours à des pesticides interdits en Europe et en France en particulier. Mais si les signataires de ce traité ont affirmé que le respect en la matière, entendez la non-utilisation de pesticides interdits en Europe serait total (Le président brésilien Jair Bolsonaro ayant même redit son attachement à ce point spécifique) il n’en reste pas moins que ces deux grands pays et d’autres avec eux pratiquent une agriculture intensive lourde peu respectueuse de l’environnement au regard de l’érosion des sols engendrée, de l’épuisement prématuré de ces derniers et point non négligeable, des effets sociaux sur les populations amenées à travailler dans ses exploitations. Il serait pourtant injuste de ne critiquer que les pays du Mercosur car nombre de pays européens, France en tête pratiquent eux-aussi une agriculture intensive aux effets dévastateurs sur l’environnement. Or à l’heure du questionnement environnemental, le traité de libre-échange, sans choquer, interroge plus qu’il ne promet de résoudre les problèmes qu’il ambitionne de régler.

Ressources et protection

L’importation de produits cultivés ou élevés à l’aide de produits chimiques divers (engrais, antibiotique, organisme génétiquement modifié, insecticides, pesticides,…) reste un choix particulièrement engageant au regard des ressources et des capacités limitées de la planète. L’équation posée est pourtant extrêmement compliquée à résoudre et l’accord signé, mais pas encore validé, ne la résout, même partiellement, en rien. Au contraire, elle la contourne et l’élude alors que celle-ci n’appelle pas nécessairement un énième accord commercial mais une réflexion aboutie sur l’utilisation des ressources alimentaires mondiales, l’exploitation des sols et du bétail d’élevage. Or les projections démographiques en témoignent la population mondiale va continuer de croître, Afrique et Asie figurant parmi les continent les plus actifs. Ainsi, l’accord Union Européenne – Mercosur aussi séduisant qu’il puisse paraître est l’illustration d’une contradiction entre volonté partagée à l’échelle mondiale de protéger l’environnement et l’impérative, voire l’impérieuse, nécessité d’assurer la sécurité alimentaire de régions du monde certes consommatrices mais en recherche de vitalité économique et commerciale notamment pour les pays du Mercosur.