
Le bellicisme de Donald Trump et de Kim Jung-Un n’en finit pas de mettre à vif les nerfs de la planète mais cherche surtout à confirmer, pour le premier, le soutien de Pékin à Washington. Pourtant, la Chine pourrait utiliser cette crise passagère pour renforcer son rôle diplomatique et son influence sur les Etats-Unis.
La crise coréenne va-t-elle déboucher sur un conflit ? Objectivement, il est peu probable que l’une ou l’autre des puissances nucléaires franchissent le pas, tant les conséquences qui en découleraient s’avéreraient monstrueuses et catastrophiques. Donc, comme ni les Etats-Unis, ni la Corée du Nord ne souhaitent endosser l’un ou l’autre la responsabilité d’un conflit conventionnel ou nucléaire, il est fort à parier que l’escalade cessera rapidement, certes après avoir atteint des sommets périlleux, mais cessera après que les partenaires historiques et politiques des deux pays auront été sollicités afin de ramener les deux parties autour de la table des négociations. Ces partenaires, ce partenaire à vrai dire, car il n’y en a qu’un ici qui compte réellement, c’est la Chine (voir l’article sur lemonde.fr: La Corée du Nord est prête à répondre « à toute attaque nucléaire par le nucléaire » ) . Et, tant la Corée du Nord que les Etats-Unis, attendent que celle-ci s’exprime au plus tôt en proposant un programme de négociation que l’on qualifierait de sortie de crise.
Confiance et diplomatie
Or, la Chine, partenaire politique et idéologique de la Corée du Nord, avec laquelle elle a cependant pris quelques distances, (voir l’article sur lemonde.fr : La Chine fait modérément pression sur la Corée du Nord ) l’est aussi des Etats-Unis, d’un point de vue économique, l’un et l’autre ayant tissé des échanges commerciaux fructueux qu’aucun des deux géants ne veulent voir rompus sur l’autel de la crise coréenne. Pourtant, cette même crise pourrait aussi permettre à la Chine, non seulement de faire valoir ses capacités diplomatiques, aspect secondaire de la question au demeurant, mais aussi renforcer son poids à l’échelle mondiale en se posant plus encore comme un acteur international incontournable. Comment ? En profitant de l’appel du pied des Etats-Unis qui exhorte, avec modération cependant, Pékin à raisonner Pyong-Yang. Clairement, si Pékin devait rester muet dans cette crise, nul ne sait quelles en seraient les conséquences. En revêtant le costume de médiateur, la Chine obtient non seulement la confiance des Etats-Unis et de la Corée du Nord, mais renforce par là même son aura et, quelque part aussi, sa domination discrète mais réelle sur les Etats-Unis. Car il ne faut pas s’y tromper, l’intervention de Pékin dans la crise actuelle ne sera pas gratuite. Donald Trump, président va-t-en guerre, comme le fût, Georges W. Bush en d’autres temps, sait que l’intervention de Pékin lui permettrait de mettre fin à son aventure coréenne sans perdre la face en prétextant que l’action diplomatique chinoise a su désamorcer une situation extrême et tendue.
Médiation et nécessités
Voilà pour le discours officiel, mais officieusement, Donald Trump, qui a longtemps sous-estimé la Chine doit, nécessairement, aujourd’hui composer avec l’Empire du Milieu pour assurer la stabilité de la région. Déclencher un conflit nucléaire déstabiliserait naturellement la planète entière et provoquerait une onde de choc qui ébranlerait, et pour de nombreuses années, les relations internationales au point de remettre en cause les traités et les alliances actuelles. Pékin, consciente de son poids global à l’échelle internationale, a donc tout intérêt à jouer le rôle de médiateur que lui confient les Etats-Unis et la Corée du Nord même si la crise actuelle peut aussi avoir valeur de test, Donald Trump voulant s’assurer que Pékin se rangera à ses côtés et ce pour deux raisons essentielles : Nécessités économiques et diplomatiques. Cette fidélité conforterait les Etats-Unis dans un sentiment de toute puissance mais un sentiment tout relatif puisque sans la Chine, Washington verrait son influence se déliter. Finalement, cette crise coréenne qui agite une des régions les plus sensibles du monde a aussi, comme souvent en matière diplomatique, une face cachée : la volonté de confirmer des alliances mises à l’épreuve.