
Le silence de François Hollande irrite détracteurs et adversaires politiques. Et il est à se demander si le Chef de l’Etat n’utilise pas le mutisme comme allié. Laissant ainsi exhaler de la situation un parfum mitterrandien…
Il est fort à parier que les mois prochains seront pour le moins difficiles pour François Hollande. Vilipendé par la droite qui l’accuse d’avoir sali la fonction présidentielle, par la gauche qui l’accuse de trahison, voilà que même le fidèle parmi les fidèles, à savoir Manuel Valls, tendrait à se désolidariser du chef de l’Etat. Et à ce jour, la question à se poser est de savoir pourquoi le Chef de l’Etat est devenu la cible de tous, le bouc émissaire d’une classe politique elle-même entourée d’un halo de suspicion croissant ? Certains avanceront des tombereaux de réponses, pertinentes ou pas, légitimes ou pas. En réalité, là n’est pas le problème. Pourquoi ? Car l’on assiste depuis quelques semaines désormais à une accélération du temps politique, celui où les invectives pleuvent et où les critiques s’abattent comme la grêle un soir d’orage. Habituellement, pareil déluge débute à quelques semaines du premier tour. Et encore ! Il n’est le fait que du camp opposé à tel ou tel prétendant. Mais là, chose étrange car jamais vue jusqu’alors, le déluge en question est aussi le fait du camp politique du président.
Curée et héritage
Mais, répétons-le, pourquoi tant d’acharnement ? La réponse est peut-être simplement dans la position et l’attitude de l’intéressé sur lequel tout semble glisser comme l’eau sur les ailes d’un canard. Flegmatique et impassible, François Hollande écoute, voit et regarde s’agiter opposants et détracteurs, tous agacés par une seule chose : son silence. Sera-t-il ou ou non candidat ? Même à droite la question taraude et finalement inquiète au point de déclencher des seaux de critiques (parfois à la limite de l’acceptable). Pis ! A gauche, elle tétanise. Que va-t-il faire et que compte-t-il faire ? Les sondages mettent le Président en présence d’une réalité sociale inédite, son propre camp le pousse vers la sortie avec l’espoir, naturellement, de prendre sa place, à défaut d’ouvrir une guerre des chef où l’inventaire de l’héritage hollandais tournerait à la curée. Lui ne dit rien et en cela irrite plus qu’il ne déçoit, revêtant ainsi les habits de l’un de ses modèles, François Mitterrand. Celui resté dans l’Histoire pour, entre autre, nombre de maximes dont la célèbre : « Il faut laisser le temps au temps », semble avoir déteint sur François Hollande qui le prend et s’en délecte.
Jouer la montre
Deux raisons peuvent l’expliquer. La première : sachant que tout est perdu et que toute candidature sera violemment sanctionnée, François Hollande savoure à sa façon ses derniers mois à l’Elysée en agissant comme bon lui semble, en distribuant bons points ou piques acerbes sans se soucier du lendemain, et pour cause. Deuxième raison : il reprend à son compte la tactique gagnante de François Mitterrand en 1988 qui avait alors lancé une campagne éclair de trois mois fatale à Jacques Chirac. Certes la situation économique d’alors était radicalement différente de celle qui prévaut à ce jour mais l’actuel locataire de l’Elysée peut aussi vouloir jouer la montre, attendant de se présenter in extremis avec les meilleures conditions économiques et sociales possibles. Le pari est risqué mais il se tient et s’autorise en plus de s’affranchir des résultats de la primaire de droite. La nervosité, qui gagne la scène politique pourrait, in fine s’avérer un allié précieux pour François Hollande poussant adversaires et détracteurs à se perdre dans une somme de spéculations par nature hasardeuses. A défaut de bilan, le temps peut aujourd’hui offrir au Président une chance de se sauver des eaux…Tel Boudu…