
A gauche, si nombre de prétendants à l’élection présidentielle font acte de candidature en réaction à François Hollande, tous savent que cette rébellion s’éteindra dans la nécessaire union de la gauche dès le premier tour. La menace venue de l’extrême droite et les difficultés liées à un risque d’éparpillement des voix renverraient à des responsabilités lourdes à assumer.
Embouteillage à gauche ! Devant le nombre de prétendants, d’aucuns se féliciteraient de la vitalité du débat intellectuel. Pourtant, cette débauche de candidats, tous remontés comme des pendules contre François Hollande, qu’ils ont servi et qui sont aussi, à des degrés différents, comptables du quinquennat qui s’achève, n’est pas en mesure aujourd’hui d’inquiéter le locataire de l’Elysée dont la candidature semble chaque jour qui passe de plus en plus évidente. Pourquoi donc ces candidats, brillants et bavards, perspicaces et sagaces pour certains, très politiques pour d’autres, ne sont-ils pas en mesure de gêner François Hollande. L’explication se trouve, et Christiane Taubira l’a très bien compris (voir l’article sur le huffingtonpost.fr : Christiane Taubira: « Je n’ai pas les compétences pour guérir les gens du Figaro » ), de l’autre côté de l’échiquier politique. La menace, réelle, que fait peser l’extrême droite sur le scrutin pousse la gauche à se présenter en ordre de marche : comprenez unie et le petit doigt sur la couture ! Et encore ! Cette attitude ne garantit en rien la présence de la gauche au second de l’élection en question. Pain béni pour François Hollande qui voit donc, de fait et par obligation politique et stratégique, passer à la trappe de vrais concurrents dont il pouvait vraiment se méfier.
Panache et enfants gâtés
Emmanuel Macron, qui n’est pas socialiste certes, mais qui s’inscrit dans une mouvance plus progressiste que conservatrice pourrait attirer à lui les partisans d’une social-démocratie plus avancée et plus affirmée ; Arnaud Montebourg, caution de gauche, séducteur des déçus du hollandisme post-discours du Bourget présente toutes les caractéristiques d’un excellent candidat : tribun, politique, idéologue, sincère et généreux. Benoît Hamon, certes un peu vert pour la déflagration électorale que représente l’élection présidentielle, joue le rôle que Martine Aubry avait endossé en 2011 ; Jean-Luc Mélenchon, redoutable et agressif est sans doute celui dont François Hollande doit le plus se méfier mais l’homme est otage de ses qualités ; quant à Cécile Duflot, le panache de sa candidature cache la vacuité d’un programme politique à l’image des écologistes : brouillon voire velléitaire. Ainsi, ces candidats apparaissent-ils in fine comme des enfants gâtés du hollandisme (hormis Jean-Luc Mélenchon) et de la gauche de Gouvernement, tous ambitionnant de faire payer à François Hollande ses erreurs sans en avoir les moyens. Et beaucoup d’imaginer que leur possible candidature respective sera portée par un élan romantico-politique qui feraient d’eux des acteurs incontournables du scrutin à venir. Or, et François Hollande le sait, tous se rallieront derrière le candidat désigné, et tant qu’à faire, doit-il penser dans son bureau élyséen, « autant que ce soit moi ! ». Et les candidats rebelles qui s’agitent à ce jour de le savoir aussi, de comprendre que leurs atermoiements sont voués à l’échec sauf si l’un d’entre eux devait remporter la primaire qui semble s’éloigner et se fondre dans un avenir plus qu’incertain. (voir article sur lemonde.fr : A gauche, tous voudraient renverser la table, mais aucun n’a la main)
Courage politique
Comment imaginer un candidat issu de la dite primaire en concurrence avec François Hollande si celui-ci venait à se déclarer officiellement ? Car lequel de ces candidats sera prêt à assumer un éparpillement des voix de gauche au premier tour, éparpillement qui condamnerait toute présence d’un candidat de gauche au second tour ? La question mérite d’être posée et les réponses des intéressés en diraient aussi très long sur leur courage politique. Car si tel devait être le cas, la gauche en général et le Parti socialiste en particulier imploseraient, obligeant les anciens caciques et les militants déboussolés à reconstruire une alternative crédible et cohérente avec son temps. Reconstruire donc ? Mais quoi ? Un autre Parti socialiste, un parti social-démocrate ou un parti démocrate à l’italienne qui irait de Jean-Luc Mélenchon à François Hollande ? Pourquoi pas ? L’idée, dont la pertinence reste à étudier et à mesurer, ouvrirait la voix à de larges coalitions, moins dogmatiques et plus malléables qu’actuellement. Certes exposées à des renversements inopportuns (encore que l’intérêt politique de la chose reste à prouver) elles stabiliseraient l’espace politique dans lequel évolue la gauche sans en nier les nuances mais en rassemblant toutes les composantes autour d’un objectif commun, clair et identifié qui en finirait avec des accointances et des porosités non-dites et mal assumées. Mais ça…c’est une autre histoire… !