Un mail pas si malheureux…

Sarko 1.jpgAinsi, un courriel malencontreux et malheureux a trahi les intentions de Nicolas Sarkozy, le message en question laissant très clairement supposer que l’ancien Chef de l’Etat serait candidat aux primaires du parti Les Républicains. Trahison ou stratégie finement calculée ? D’aucuns, connaisseurs ou non, des rouages qui meuvent la politique savent que rien n’est jamais innocent ou accidentel en terme de fuite. Donc, le secret de Polichinelle, gardé jusqu’alors avec des précautions toutes relatives, a été dévoilé à dessein. Il serait naïf d’y voir une maladresse ! « Oups ! J’ai gaffé ! » aurait pu alors se dire l’expéditeur du mail. Que nenni ! Il convient cependant de se demander pourquoi, alors que le scrutin devant désigner le candidat des Républicains à l’élection présidentielle ne se tiendra qu’à l’automne prochain, un tel message a été diffusé ? La raison tient dans le contexte actuel qui fait office d’espace-temps au sein même de l’opposition et dans la personnalité de l’ex-président. Le contexte tout d’abord. A droite, les prétendants s’agitent et s’activent. Alain Juppé, Bruno Lemaire, François Fillon (candidats parmi les plus dangereux pour l’ancien président) n’ont jamais caché leurs ambitions personnelles défendant chacun d’eux des projets plus ou moins viables ou crédibles. Si certains d’entre eux visent clairement l’Elysée (Alain Juppé et François Fillon), le dernier, Bruno Lemaire, bataille aujourd’hui avec l’espoir de s’inviter au festin présidentiel avec en point de mire la table de Matignon. Portés par les sondages pour certains, écrivains à succès pour d’autres, tous, quels qu’ils soient, sont actifs et existent dans l’espace médiatico-politique.

Renégats ingrats

Et tous agacent l’ancien Chef de l’Etat qui voient dans ces hommes et leurs actions respectives des renégats ingrats qui défient son autorité. Pourtant, l’aura de Nicolas Sarkozy a montré ses limites dans l’opinion, lassée de ses gesticulations et de ses coups de mentons à répétition. Que faire donc pour prendre de court des concurrents sérieux, motivés ? Pourquoi ne pas balancer un courriel justement dosé pour annoncer sans le dire que l’ancien président sera candidat à la primaire ? C’est fait. Et ici d’aborder la personnalité même de Nicolas Sarkozy, dans un portait rapide où se mêlent psychologie et existence politique. Nicolas Sarkozy, hyper-actif de la politique, ne peut pas rester les bras ballants en attendant l’automne pour se déclarer officiellement. Car dans l’intervalle, les concurrent accumulent des points, flattent l’opinion, séduisent les électeurs et attirent les indécis. Bref ! Ils avancent pendant que lui ferait sur surplace. Impensable ! Or, Nicolas Sarkozy ne sait vivre, ne peut vivre en politique que dans le combat et l’altérité. Seule la confrontation lui permet d’exister. La défaite de 2012 est à ses yeux un affront, une atteinte à son honneur qu’il convient de laver. Mais il est cependant seul à le croire, ses concurrents ayant cure de ses états d’âmes, considérant que son tour est passé et ne reviendra plus. Pourtant, l’ancien locataire de l’Elysée veut y croire et le message égaré ne serait finalement qu’un avertissement (sans frais) à ses concurrents. « Je suis là et je ne lâcherai pas ! » semble-t-il dire de manière subliminale. Qui en doutait ? Personne y compris dans son camp. Mais le temps presse, car l’automne viendra vite et la torpeur de l’été n’est guère favorable au ralliement de troupes émollientes. « L’action c’est maintenant ! » semble-t-il dire à nouveau avec un soupçon d’ironie.

En découdre

Ce fameux mail, quel qu’il soit, officiel ou non, ne s’adresse évidemment qu’à ses concurrents. Car à gauche, il ne fait aucun doute que l’ancien président voudra en découdre. L’adversaire aujourd’hui n’est pas à gauche mais à droite, dans la coalition improbable Juppé-Fillon-Lemaire qui souhaite naturellement et en silence que l’ancien chef de l’Etat ne se présente pas. Vœu pieux tant Nicolas Sarkozy considère qu’il incarne le pouvoir et l’autorité, l’homme reprenant à son compte cette vielle antienne conservatrice prétendant que les affaires d’Etat ne peuvent être gérées que par des individus issus des rangs de la droite. Et si possible par lui. Vanité, prétention, mépris ? Les trois à la fois, tant Nicolas Sarkozy donne le sentiment de se moquer de son entourage politique direct, de mépriser toute action gouvernementale n’émanant pas de son autorité ou de son obédience politique. Il n’était nul besoin de laisser fuiter un mail pour le rappeler mais dans l’univers de la communication politique, la stratégie prime. Nicolas Sarkozy sait pertinemment que ce mail ne lui permettra pas de remporter la primaire, mais de poser les jalons du combat qui s’annonce au sein de son propre camp. Ses concurrents l’ont lu et en ont pris acte. Sont-ils impressionnés pour autant ? Nicolas Sarkozy, lui, l’imagine peut-être.

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