La guerre et la honte

La crise syrienne entre dans sa onzième année. Sans l’ombre d’une solution politique ou diplomatique, elle révèle surtout l’inertie coupable et les atermoiements pleutres des nations occidentales au profit du régime syrien et de Vladimir Poutine, président de la Russie.

Il est des anniversaires que l’on n’aimerait pas avoir à célébrer. Celui de la guerre civile syrienne en fait partie. Et pour cause. Marqué par des milliers de victimes et par l’obstination criminelle de Bachar El-Assad convaincu de son bon droit, ce conflit ensanglante depuis dix ans désormais le Proche-Orient qui a rarement été aussi fragile, ébranlé lui aussi par la pandémie (lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/m-le-mag). Mais au-delà de cette guerre qui n’en finit pas, le conflit syrien met aussi en évidence toute l’inertie coupable et les atermoiements pleutres de la communauté internationale. Cette dernière, France en tête, qui n’a cessé de pousser des cris d’orfraie devant les crimes commis par le dictateur syrien et ses alliés objectifs ou de circonstances, à savoir Etat islamique et Russie, a surtout brillé par son incapacité à agir collectivement. Plus simplement, la crise syrienne a révélé nombre de carences et de réalités diplomatiques que beaucoup voulaient délibérément ignorer. Parmi elles, les limites de la diplomatie et de l’armée françaises, incapables par le dialogue ou par l’action armée de faire plier une Syrie qui aurait, d’un point de vue militaire, représentée un adversaire solide et des plus dangereux si un déploiement tactique d’envergure avait été engagé.

Naufrage et intérêts

Et l’Union Européenne d’avoir sombré elle aussi dans le naufrage diplomatique qu’est cette crise syrienne, naufrage interrogeant aussi sur les capacités de l’Union à faire face dans des situations analogues. Autre élément révélé par la crise, la volonté des Etats-Unis de progressivement se retirer des théâtres d’opération où la vie de ses forces armées auraient potentiellement été en jeu. Cet isolationnisme latent, basé sur la doctrine Monroe (du nom du président des Etats-Unis qui l’a initiée en 1821) n’est d’ailleurs pas né sous le mandat de Donald Trump, mais sous celui de Barack Obama, au lendemain de la déconfiture irakienne. Parallèlement, il était d’ailleurs inimaginable pour les Etats-Unis ou ses Alliés d’armer la rébellion syrienne, préférant éviter le risque de voir des fractions armées se retourner un jour contre leurs anciens amis, comme ce fut le cas en Afghanistan quand les Etats-Unis armèrent les talibans pour lutter contre l’envahisseur soviétique au début des années quatre-vingt. Enfin, cette crise a aussi révélé la capacité de la Russie a réintégrer la scène diplomatique et géopolitique en faisant valoir ses intérêts syriens.

Mare Nostrum et vaccins

Le port de Tartous, excuse suprême et plutôt facile avancée par les Russes pour légitimer leur ingérence dans le conflit, a été, et est encore, pour Vladimir Poutine, le meilleur moyen de toiser les nations occidentales en leur amputant un bout de leur Mare nostrum qu’est la Méditerranée. Dix ans de crise ont suffi à mettre à nu bien des travers et des fragilités des nations occidentales d’autant plus criantes aujourd’hui, certes dans un autre registre (et en évitant toute analogie gratuite), face à la pandémie de coronavirus. Constat dressé, il convient donc d’imaginer l’après Bachar El-Assad. Mais, là aussi, un autre constat s’impose, une simple réflexion sur la question, a fortiori la réponse, a-t-elle été engagée ? Certainement dans les cabinets silencieux et feutrés des chancelleries. Mais pour l’heure, c’est la question des vaccins qui domine pour des questions sanitaires impérieuses. (lesechos.fr : https://www.lesechos.fr/monde) Et pour rappel, la crise syrienne est aussi une question sanitaire impérieuse mais avant tout humanitaire.

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