La Terre ou le Ciel

L’Iran chiite se tourne vers le Saint-Siège. Préambule à un repositionnement politique du pays sur la scène internationale? Crédits : Jackson David.

La rencontre entre l’ayatollah iranien Ali Al-Sistani et le Pape François a posé les bases d’un nouveau dialogue entre les deux religions n’en déplaise aux extrémistes islamistes marginalisés, à l’image de Reda Kriket, par l’entrevue des deux dignitaires religieux.

Quel abysse sépare le Pape François de Reda Kriket, actuellement présenté devant la cours d’assise spéciale de Paris pour un projet d’attentat déjoué in extremis, le 24 mars 2016 ? La réponse tient certainement dans le mot même. (lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/police-justice) Alors que le Pape François, de retour d’Irak après avoir rencontré l’ayatollah Ali Al-Sistani, représentant la plus haute autorité religieuse iranienne, marquait un rapprochement notable et noté entre monde chrétien catholique et monde musulman chiite, Reda Kriket déclarait ne vouloir reconnaître que la loi divine dans son procès alors que l’homme encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Au-delà de la fracture existante, c’est véritablement l’incapacité des extrémistes islamistes, rares au demeurant à la surface de la Terre et ramené au nombre total de musulmans, à comprendre que l’islam est une religion tout à la fois plastique et malléable, capable de se fondre sans mal dans les sociétés contemporaines.

Intégration et acceptation

Arc-boutés sur des considérations religieuses désormais anachroniques avec le monde contemporain bercé de mondialisation et d’intégration économique, les islamistes de toute obédience semblent s’enfermer dans des logiques exclusives dont tendent à se détacher les franges les plus rigides de l’islam, comme le prouve la rencontre et les échanges intervenus entre l’ayatollah Ali Al Sistani et le Pape François (la-croix.com : https://www.la-croix.com/Religion) Ayant acquis la certitude que le dialogue était la seule option préalable et essentielle à toute démarche de compréhension mutuelle, l’un et l’autre ont donc accepté d’avancer plutôt que de rester sur leurs positions respectives voire de reculer. Indépendamment de l’aspect politique que revêt cette rencontre ainsi que des effets positifs qu’elle peut nourrir dans le dialogue entre les deux religions monothéistes, bien plus proches historiquement et idéologiquement l’une de l’autre que présentés par les islamistes, elle entérine surtout le principe d’une acceptation mutuelle de l’altérité religieuse dans un monde ou le fait religieux est incontestablement sur le reculoir. Faut-il ainsi voir dans la rencontre entre les deux dignitaires religieux un rapprochement tactique en vue de relancer la pratique cultuelle, notamment du côté chrétien ? L’explication serait par trop simple alors qu’y voir la décision commune d’enterrer les reliquats jaunis de Croisades ancestrales aujourd’hui vides de sens serait plus juste. Autre aspect de cette rencontre qui fera date dans l’histoire de la chrétienté latine et de l’islam, la volonté, essentiellement partagée par Ali Al-Sistani, de présenter un visage moderne et contemporain d’un pays, l’Iran, en marge du concert international.

Carte diplomatique et dogme figé

Mais à l’heure où la politique étrangère nord-américaine semble se radoucir au contraire de celle de la Chine qui semble elle prendre des accents plus fermes, l’Iran sait avoir une carte diplomatique à jouer en se repositionnant comme une puissance régionale capable de maîtriser même à distance les velléités terroristes des islamistes les plus fanatisés. Soucieuse de pouvoir mener à terme son programme nucléaire, l’Iran sait qu’apaiser les tensions religieuses et politiques, surtout lorsque les deux se lient, n’est pas inutile. Un rapprochement avec le Saint-Siège peut ainsi représenter une entrée en matière appréciée des Occidentaux toujours frileux à se nouer d’amitié avec une puissance capable de téléguider tel ou tel attentat. Dans ce contexte, les déclarations de Reda Kriket, que d’aucuns jugeraient ahurissantes et totalement déconnectées de la réalité, apparaissent presque comme anecdotiques au regard des enjeux qui se jouent ailleurs. Et la position de celui-ci d’interroger sur la conception de la modernité des extrémistes religieux, islamistes ou non par ailleurs. Car en revenant sur la notion de plasticité de l’islam, il apparaît évident que cet individu et ces comparses d’infortune n’ont a aucun moment de leur parcours pensé l’islam tel un élément constitutif des société contemporaines mais au contraire comme un dogme figé dans le temps incapable d’évoluer et de s’adapter à son environnement. Restés trop religieux pour ne pas devenir plus politique, voilà le constat que l’on pourrait dresser de ces individus enfermés dans des conceptions mortifères d’une religion, répétons-le, plastique et soluble dans nombre de régimes politiques. Pour l’heure, les progrès accomplis par le Pape François et l’ayatollah Ali Al-Sistani posent les bases de nouveaux échanges défaits de méfiance et de crainte, bercé par l’espoir de voir la détente se poursuivre.

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