L’Union Européenne aurait-elle perdu sa tête ?

Alors qu’approche le scrutin destiné à renouveler le parlement éponyme, il apparaît que l’Union Européenne peine à établir une pensée et une idéologie communes. Carence préjudiciable qui l’empêche d’avancer comme elle souhaiterait. Explications.

Qu’attendre des élections européennes qui se tiendront du 23 au 26 mai prochains au sein des Etats membres, y compris, paradoxe ô combien surprenant, en Grande-Bretagne alors que le Royaume Uni est sur le départ. Qu’en attendre donc ? A vrai dire des élections en tant que telles il conviendra de ne pas attendre grand chose…Mais de l’Union Européenne certainement beaucoup et le scrutin à venir doit être, (et le sera-t-il ?) l’opportunité de rappeler ce qu’est l’Union Européenne. Une gigantesque zone de libre échange, un espace protégé par une monnaie unique pilier d’une architecture économique construite dès 1957,… ? Les exemples ne manquent pas mais ce qui fait probablement aujourd’hui défaut à l’Union Européenne, c’est un sens. Non pas nécessairement une direction ou un cap, encore que cela ne serait pas totalement inutile, mais plutôt une raison d’être, et pour chaque européen appartenant à l’Union, se demander ce qu’est être aujourd’hui européen.

Paralysie et identité

Et d’émerger la question qui taraude historiens et sociologues depuis près de six décennies, existe-t-il une identité européenne ? (Lire l’article sauvonsleurope.ue : https://www.sauvonsleurope.eu/quest-ce-quetre-europeen/ ) Question qui paralyse l’Union Européenne tant il est plus facile d’influer sur les taux d’intérêt de la Banque centrale européenne que sur la psyché des individus. Et s’il fallait donc attendre quelque chose de l’Union Européenne, c’est bien cela : cette capacité à définir une identité européenne, une caractéristique globale et unique qui se retrouverait des rives de l’Atlantique à la frontière russo-polonaise, qui dépasserait les concepts de nationalités. Dès le XIXème siècle, Victor Hugo avait évoqué l’idée de créer les Etats-Unis d’Europe en référence naturellement aux Etats-Unis d’Amérique. Mais l’auteur des Misérables avait escamoté la particularité nord-américaine construite sur une langue unique, des combats fondateurs tout aussi uniques et une Histoire qui a contribué à faire des habitants des Etats-Unis un peuple à part entière. En est-il de même en Europe ? Pas exactement car le continent morcelé d’identités nationales encore vivaces, la montée des populismes en est la preuve, peine à se rassembler derrière une idée commune. Pour le résumer certes à grands traits, nous dirons que l’Europe de l’Ouest, composée des pays fondateurs et d’autres (Espagne, Portugal, Grèce, Royaume-Uni, Danemark,…) travaillent à un concept d’unification quand les pays d’Europe de l’Est, intégrés en 2004, restent encore fortement marqués par leur histoire récente.

Etat de guerre

Il n’est pas inutile de rappeler, et le rappel vaut aussi explication de certains comportements jugés méfiants ou rétifs à l’endroit de l’Union européenne de la part des pays concernés, que nombre des pays d’Europe de l’Est sont passés de 1940 à 1990 de l’occupation et de la dictature nazies à l’occupation idéologique (voire physique) et à la dictature communiste imprimées par l’Union soviétique durant la Guerre Froide. Et pour ces mêmes nations, l’état de guerre s’est finalement achevé avec la chute de l’Union soviétique. Ce faisant ces mêmes pays ont nourri un sentiment d’auto-protection qui les pousse aujourd’hui à se retrancher dans une forme d’individualisme forcené (Hongrie et Pologne en sont les deux exemples les plus frappants), difficilement compatible avec l’idée de coopération promue par l’Union Européenne. Est-ce la seule raison ? Non évidemment. L’Union avance, certes au ralenti, d’autant plus avec la question britannique qui ne cesse de s’enliser, mais elle avance. (Lire lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/06/antonio-tajani-avant-de-pouvoir-etre-perfectionnee-et-reformee-l-union-europeenne-doit-etre-preservee_5458647_3232.html) Mais pourrons-nous nous satisfaire d’avancées, quelles qu’elles soient, si nous ne parvenons pas à définir un esprit européen, une essence commune qui nous servirait de cortex cérébral, de moteur idéologique ? La tâche est ardue car elle demandera à chaque Etat, à chaque citoyen de s’interroger sur ce qu’est un esprit européen, comment se caractérise-t-il, qui le porte et le nourrit ? Qui fournira l’effort ? Foultitude de questions qui résument finalement assez bien la situation actuelle : L’Union européenne s’est physiquement développée mais sans se doter d’un esprit pour en commander les mouvements. Difficile ainsi d’avancer droit….

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