Les Américains adorent se faire peur !

Donald_Trump.jpgIl y a parfois dans l’existence des moments que l’on attend sans qu’ils soient consciemment espérés. C’est peu ou prou ce qui est train de se préparer aux Etats-Unis où les Américains se dirigent vers un affrontement entre Donald Trump et Hillary Clinton. Tout les oppose. Leur seul point commun est de vouloir accéder à la présidence des Etats-Unis. Donc ce moment attendu semble se dessiner, notamment après l’annonce du retrait de Ted Cruz, celui-ci ayant compris que son option ultra-conservatrice ne le mènerait nulle part, si ce n’est à l’échec face à la tornade populiste Trump. De France et d’Europe, l’on s’étonne que près de 50% des Américains aient pu, et puissent continuer jusqu’en novembre prochain, accorder leur confiance au magnat de l’immobilier. Lui si misogyne, si sexiste, si ignare des affaires du monde, si xénophobe, si tout ce que Européens et Français en particulier bercés d’idéaux humanistes (certes en recul ces dernières années) détestent. Mais pouvait-il en être autrement ? Les Etats-Unis, terre manichéenne par excellence ou le bien ne côtoie que le mal et inversement, ou les problèmes ne se résolvent que selon des logiques binaires, les Etats-Unis donc ne pouvaient qu’accoucher, au regard des dernières années, d’un tel affrontement. L’expérimentée et politique Hillary contre le milliardaire Donald. Tout deux incarnent à leur manière deux Amérique qui s’opposent et cohabitent.

Angela Davis et Martin Luther King

Elle : une élite sociale, éduquée et cultivée, ouverte au Monde et à ses évolutions ; lui : celle du rêve américain où tout est permis à celui qui le veut et tant pis pour la culture et les principes moraux. L’homme déplaît pourtant aux pontes du Parti Républicain…Mais cela sera-t-il suffisant pour lui barrer la route de l’investiture ? Deux candidats pour deux Amérique qui, au final, devront continuer à se supporter. Car la présidence d’Obama, qui a marqué un tournant dans la vie politique américaine, laisse pourtant échapper de vraies fractures que, d’Europe, nous appréhendons mal. Pour nous, l’accession d’un homme noir à la présidence des Etats-Unis était un signal fort : celui de la marche sur Washington, celui des combats d’Angela Davis, de Martin Luther King ou des Black Panthers (dans une moindre mesure cependant) Mais vue d’Europe…Et pas nécessairement des Etats-Unis…Les larmes de Jesse Jackson, révérend noir candidat à l’élection de 1988 face à Georges Bush senior, au soir de la première élection de Barack Obama  en 2008ont masqué les rancoeurs d’une Amérique profonde, secouée par la crise des subprimes, de la crise économique qui s’en est suivie et des difficultés inhérentes à toutes classes sociales éloignées des centres de pouvoir ou des préoccupations des parlementaires du Congrès. Alors jaillit l’improbable Trump, tycoon arrogant, souvent grossier et vulgaire, à contre-courant des élites policées de New-York ou de Washington. On peut se demander comment cet homme fait d’argent, et qui ne vit que pour en gagner plus encore, est parvenu à séduire des millions d’Américains ? Parce qu’avec lui les lendemains paraissent faciles, tout comme les solutions qu’il propose, que les problèmes nationaux et internationaux se régleront comme le faisait J.R Ewing : autour d’un verre de whisky. Bref de manière simple et binaire !

Un monde complexe

Or nombreux sont les Américains, et ils ne sont pas les seuls, à ne pas avoir appréhendé la complexité du Monde et sa multipolarité. Vivants dans un pays-continent, longtemps habitués à imprimer le rythme du Monde, les Américains ont progressivement vu le lien qui les rattachaient aux quatre autres continents de déliter à dessein ou de manière naturelle sous les coups des événements. Certains l’ont compris, telle Hillary Clinton ou d’autres comme Bernie Sanders dont le discours politique progressiste est le témoin d’une prise de conscience que l’avenir des Etats-Unis passera par une jeu collectif global. Certains ne l’ont pas appréhendé et parmi eux les partisans de Trump. Et lui, l’a-t-il compris ? La réponse reste entière mais il est difficile de croire que l’homme ait pu atteindre de tels sommets sans un minimum de réflexion. Prêtons-la lui donc. Et c’est là que le pire des drames se révèle : Trump ne serait qu’un manipulateur! Secret de Polichinelle ! Mais l’Amérique aime ces histoires homériques, où le rêve flirte avec la réalité. Trump est-il le côté obscur de l’Amérique ? Peut-être. Un mauvais cauchemar, un mauvais génie ? Certainement ! L’affrontement Trump – Clinton, qui semble bien inéluctable aujourd’hui accouchera de quelque chose… Mais de de quoi ? Les Etats-Unis restent aussi imprévisibles que surprenants et le choc qui se prépare laissera des traces chez les Républicains tout comme chez les Démocrates. Mais lesquelles ?

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