La potiche européenne

Le renforcement de l’aide accordée à l’Ukraine par les Etats-Unis condamne l’Union Européenne et les Européens à un rôle de faire-valoir. Ne pouvant rivaliser avec les moyens nord-américains, l’Europe se borne à engager contre la Russie des sanctions économiques aux effets pour l’instant incertains.

En annonçant son intention d’accroître son aide à l’Ukraine sans vouloir toutefois s’engager dans une logique de confrontation directe avec la Russie, le président des Etats-Unis, Joe Biden, met l’Europe occidentale et l’Union européenne dans une situation des plus délicates en escamotant l’une et l’autre des négociations actuelles ou à venir. Ainsi, en isolant les Européens du processus de règlement du conflit, les Etats-Unis se posent-ils en unique interlocuteur face à une Russie finalement trop heureuse de renouer avec une confrontation classique est-ouest qui lui offre une certaine substance diplomatique inespérée. Car les efforts menés par la Maison Blanche depuis le début du conflit ne sont en rien désintéressés. L’occasion pour les Etats-Unis de reprendre la tête des relations internationales après le fiasco afghan en 2021 et le trouble occasionné par le traité Aukus (alliance Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni) portant sur les sous-marins nucléaires leur est ici servi sur un plateau. Jouant son meilleur rôle, à savoir celui de gendarme du monde volant au secours d’une nation agressée et outragée, les Etats-Unis, renvoient les Européens aux mesures de rétorsions dont ils sont seulement capables, de banales sanctions économiques qui ne semblent pas effrayer la Russie de Vladimir Poutine. (lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/international/article/2022/06/01/)

Cristallisation du conflit

Ce double-jeu qui consiste ainsi à aider l’Ukraine tout en isolant les Européens pour affaiblir leur influence sur le continent pourrait être considéré comme classique, voire banal, de la part de la première puissance économique et militaire du monde. Sauf que ce jeu, voulu par Joe Biden, pourrait aussi considérablement rafraîchir les relations américano-européennes et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, le conflit, qui a provoqué une hausse brutale des prix du pétrole dans un pré-contexte d’inflation larvée lié à la pandémie, expose à tous points de vue les Européens qui voient à leur porte une guerre nourrie en sous main par les Etats-Unis. Ce même conflit, sur le point de se cristalliser sur la seule région du Donbass, est donc à même de créer un foyer de tensions sur le continent européen, loin des Etats-Unis, épargnés dans une certaine mesure par les conséquences économiques et humaines d’une guerre amenée à durer encore longtemps. Ainsi, d’aucuns verraient dans l’attitude des Etats-Unis la volonté, non avouée, d’affaiblir une puissance économique aussi rivale à l’échelle mondiale. Alors que la Chine tente de se débarrasser sur son sol des derniers foyers de Covid, (francetv.fr : https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/) faisant planer sur les marchés mondiaux l’incertitude liée à cette tentative, les Etats-Unis tentent à leur tour de sécuriser une aire politique et économique, ici l’Europe quand les relations sino-américaines tendent à se maintenir dans un statu-quo dégradé.

Alliés de circonstances

Et de là à dire que les Etats-Unis développent une approche pragmatique, presque cynique, de la situation diplomatique en Europe, en vue de maintenir ou protéger leurs intérêts, il n’y a qu’un pas. Est-ce à dire qu’il n’y a en matière de relations internationales que des alliés de circonstances dont la fidélité évolue au gré des évènements et surtout des intérêts que chacun entend protéger ? Il ne serait pas incongru de le penser au regard de la situation actuelle où l’Ukraine et son président Volodymyr Zelensky tancent régulièrement les Européens afin que ces derniers accentuent la pression sur Vladimir Poutine, encouragés en cela par la position des Etats-Unis habiles à jouer des obligations et des principes défendus par les Européens. Nouvelle partie d’échec à l’échelle européenne mais aux répercussions mondiales, la crise ukrainienne a révélé toutes les errances et les failles de la diplomatie européenne, toute la capacité d’adaptation des Etats-Unis dans un contexte mondial bouleversé et surtout toute la fragilité d’un continent, ici l’Europe, encore exposée aux affres d’une démoctature telle que la Russie.

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