Entre durcissement des phases de confinement et lassitude teintée de colère des populations, le coronavirus met à l’épreuve la capacité de résilience de chacun. Sans que ne se dessinent les contours d’une nouvelle société fruit d’une prise de conscience collective.
Alors que se durcissent un peu plus tous les jours les mesures visant à limiter la propagation du coronavirus, commencent à éclater ici et là des mouvements de rébellion que d’aucuns jugeraient compréhensibles au regard de la situation endurée. Dernier en date, celui des catholiques français qui en appellent au Gouvernement pour que celui-ci autorise à nouveau les messes. (lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/sante/article) Mais, à l’image de nombreuses manifestations ou rassemblements, les offices religieux, quels qu’ils soient, sont purement interdits. Risque de contamination oblige. Certes. Alors émerge, en parallèle de la colère dénonçant la privation de liberté individuelle et fondamentale, une question des plus sensibles, qui fait écho à la propagation du virus. Jusqu’à quel point accepterons-nous les contraintes imposées par le confinement ?
Résilience et gravité
L’interrogation renvoie à la capacité de résistance d’un individu face à une obligation d’essence verticale, c’est-à-dire imposée de manière jacobine et pyramidale par le Gouvernement. Cette résilience, mise à rude épreuve depuis plusieurs mois désormais, pourrait cependant trouver ses limites (Voir youtube.fr : Boris Cyrulnik – https://www.youtube.com/watch?v=oV3T55KmGE4). Tout d’abord parce que l’être humain n’est pas naturellement programmé pour vivre enfermé ou contraint. Ensuite, car, habitués à un confort social qui nous a longtemps permis de nous déplacer et d’agir à notre guise, nous sommes aujourd’hui dans l’incapacité progressive d’assumer cette privation de nos libertés usuelles. Si le cas des fidèles catholiques ayant défilé dans les rues de la capitale parisienne peut prêter à sourire, il reste aussi symptomatique d’une société, et plus largement de sociétés, qui ne comprennent ni n’appréhendent la gravité de la situation sanitaire. Point de bêtise ou de stupidité, mais dans un monde globalement empreint d’aisance et de facilité, la soudaineté et la violence du Covid-19 ont bousculé et surpris une humanité encore sous le choc des effets des mesures annoncées. Et preuve tout à la fois de la lassitude éprouvée face à la pandémie et l’agacement à l’endroit des protocoles sanitaires entravant toutes sorties non essentielles, il apparaît que les Français se déplacent plus au cours de cette seconde phase de confinement que lors de la première.
Fossoyeur et réflexion
Si la pandémie laissera des traces sanitaires et psychologiques, il semble, pour ne pas dire certain, que le confinement et les mesures associées en laisseront aussi et pour de nombreuses années. Est-ce à dire que le Covid a tellement bousculé nos existences qu’il se révèle être le fossoyeur du monde d’avant et le couloir menant au nouveau monde, tant vanté au lendemain du premier confinement ? Rien n’est moins sûr. Pour autant, la réalité semble plus sombre. La pandémie a surtout révélé les fragilités organiques de nos sociétés, quelles qu’elles soient, développées ou émergentes, les limites de nos systèmes de santé dépassés car rongés par la contrainte budgétaire, l’incapacité, quoi qu’il puisse en être dit, de proposer de nouvelles orientations sociétales, de générer une réflexion globale sur ce que pourrait être un autre monde. Il suffit pour cela de constater le silence des corps organisés (Partis politiques, syndicats, associations,…) devant la prise de conscience qu’impose la pandémie. In fine, cette résilience tant louée, risque surtout d’accoucher d’une société égale à celle qui prévalait avant le covid-19, à la rigueur matinée de quelques changements mais ô combien marginaux.