Devenue un phénomène global, l’épidémie de coronavirus pourrait se transformer en piège pour les prétendants à la Maison Blanche. Car tout propos ou décisions jugés bienvenus ou maladroits auraient un effet sur l’économie mondiale. Quel qu’il soit…
Vue d’Europe, et de France en particulier, l’élection du prochain président des Etats-Unis semble aujourd’hui aussi lointaine qu’incertaine. Et pour cause, tenue en novembre à venir, le Vieux Continent est plus absorbé à gérer ses propres questions sanitaires que des questions de politiques internationales qui émergeront à la fin de l’année. Tout au plus sait-on que c’est vraisemblablement vers un débat entre Joe Biden, le Démocrate (lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/international/article), et Donald Trump, le Républicain que les Etats-Unis se dirigent. Pourtant ce désintérêt, qui en période classique, entendez sans la menace du coronavirus, aurait cédé la place à des débats peu à peu passionnés à l’approche de l’échéance, pourrait soudainement s’inverser pour cause de pandémie mondiale.
Propagation et positions
Car après avoir vu trembler la Chine, puis l’Europe, c’est désormais au tour des Etats-Unis, et plus largement de l’Amérique du Nord et du Sud de s’inquiéter de la propagation du virus. Dans l’absolu, il n’y a là rien de dramatique si sont prises les précautions sanitaires qui s’imposent. Mais c’est surtout la capacité et la vitesse de réaction des Etats-Unis, et Etats voisins, pour endiguer l’épidémie qui va être scruté à la loupe et notamment les positions des candidats face à la contagion à venir. Et de ces positions découleront des conséquences d’abord boursières puis économiques à l’échelle mondiale. Déjà violemment secouées par la propagation du virus, le manque de coordination des Etats touchés et les difficultés à endiguer le virus, les places boursières avaient lourdement chuté voilà peu et ne sont d’ailleurs toujours pas à l’abri d’un nouvel accident. Si l’Europe et le monde en règle générale ont toujours été attentifs aux décisions et prises de positions outre-Atlantique, l’ampleur de l’épidémie dans un contexte de mondialisation poussée à son paroxysme rend la parole et les actes des partenaires nord-américains pour l’essentiel primordiaux.
Confiance et trouble
Certes Joe Biden ne peut préciser qu’elles seront ses intentions ou décisions si celui-ci était élu tout comme Donald Trump qui se borne à gérer la crise plus qu’à ne l’anticiper (latribune.fr : https://www.latribune.fr/economie/international). En revanche, l’un et l’autre savent pertinemment que passé l’été, voire avant, tout propos ou toute intention pourraient générer soit un regain de confiance soit un trouble à même de déstabiliser l’économie mondiale déjà fragile. Cette interdépendance, qui fait désormais de chaque pays tout à la fois un acteur et une victime de la sphère économique, transforme le moindre événement potentiellement porteur de conséquences d’envergure mondiale. Dès lors, les deux candidats supposés à la Maison Blanche savent que chacun de leurs mots concernant l’épidémie sont susceptibles de précipiter le monde, sinon dans le chaos, du moins dans l’inquiétude renforçant par la même l’idée et la réalité factuelle que l’économie est aujourd’hui plus un jeu de pouvoirs et de communication qu’une science au service des hommes. La responsabilité est donc énorme pour celui qui sera dans quelques mois à la tête de la première économie du monde menacée, comme d’autres, par l’émergence d’un virus inconnu et qui n’est sûrement que le premier d’une longue série.