L’Europe encore et toujours

Si le Brexit a pu menacer l’unité de l’Union européenne, il apparaît trois ans après le référendum britannique que l’Europe politique a su conserver son dessein initial en renvoyant la Grande-Bretagne a ses contradictions.

Beaucoup, pro-européens comme eurosceptiques, voire carrément anti-européens, voyaient la sortie la Grande-Bretagne de l’Union européenne comme une épreuve dont l’ensemble communautaire fondée en 1957 ne se relèverait pas. Et d’aucuns de pointer les risques inhérents à cette sortie, négociée ou non, en avançant le risque de voir la fièvre émancipatrice se propager dans toute l’Union. Et force est de constater qu’il n’en a été rien. Certes, entre le référendum britannique de juin 2016 et la sortie programmée le 29 mars prochain, le visage politique de l’Europe a changé. Les élections ont amené en Autriche, en Hongrie et en Italie, pays fondateur pour ce dernier, des gouvernements peu enclins à gouverner aux côtés de Bruxelles, voire à remettre en cause les fondements démocratiques de l’Union européenne mais aucun à ce jour n’a ouvertement et officiellement demandé sa sortie de l’Union. Car si celle-ci peut revêtir des aspects lourds, elle n’en reste pas moins porteuse d’avancées et d’avantages qui in fine pèsent plus que les inconvénients et les gouvernements à majorité ou les coalitions populistes l’ont très bien compris en dépit des critiques ou des menaces proférées à l’endroit de l’Union européenne.

Onde de choc et maturité

Que faut-il alors retenir de ce Brexit qui semble désormais inéluctable bien que plusieurs plans de secours semblent se faire jour sans pour autant s’apparenter à de vraies solutions ? (Lire l’article sur iris-france.org : http://www.iris-france.org/128692-plans-durgence-pour-le-brexit-vers-un-accord-sans-accord/ ) Pour autant, il apparaît que, trois ans après l’onde de choc du résultat britannique, l’Europe sort presque grandie de cette épreuve. Pour s’en convaincre, il suffit de se pencher sur les négociations engagées une fois la décision britannique du retrait entérinée. L’Union européenne a négocié avec fermeté, pied à pied avec les Britanniques afin d’accoucher du meilleur accord possible, entendez qui préserve les principes européens fondamentaux et originels sans pour autant négliger les aspirations britanniques. D’aucuns diraient, ce qui est assez rare dans l’histoire de l’Union européenne, que celle-ci a fait preuve de maturité, comprenant que les intérêts individuels des pays composants l’ensemble, fussent-ils puissants, ne pouvaient prendre le dessus sur l’ambition européenne. En laissant la Grande -Bretagne quitter l’Union européenne, et en laissant à son destin un pays souvent turbulent, toujours iconoclaste et partagé depuis trois siècles entre son continent d’origine et le grand large, comprenez les Etats-Unis d’Amérique pour des raisons historiques, linguistiques et économiques, l’Union européenne a donné l’image d’un ensemble politique cohérent avec son histoire et fidèle à ses convictions en renvoyant les Britanniques et notamment les parlementaires de la Chambre des Communes à leurs responsabilités : Acceptez ou non l’accord proposé, nous ne transigerons plus.

Emancipation et dommages collatéraux

Forte de cette nouvelle stature politique et diplomatique, l’Union européenne a aujourd’hui toutes les cartes en mains pour dessiner son avenir tout en faisant passer un message sans équivoque à ceux qui souhaiteraient la quitter : Nous ne braderons pas nos ambitions collectives pour satisfaire les intérêts particuliers de pays en mal d’émancipation. Ainsi, l’Union européenne n’interdit-elle à aucun peuple de quitter ses rangs mais précise, Brexit à l’appui, que le départ ne sera pas exempt de dommages collatéraux. Souvent brocardée pour son inertie et sa lourdeur, l’Union européenne a fait preuve durant les trois ans passés d’une rigueur et d’une fermeté dont peu l’imaginaient capable a fortiori les Britanniques partisans du retrait qui par leurs députés se sont opposés à l’accord proposé. En voulant préserver son dessein européen, en agissant comme un ensemble politique adulte et responsable, l’Union européenne a gagné en crédibilité à l’échelle internationale sans jamais se désunir ou en offrant le spectacle de pays en dissonance avec les ambitions originelles. Passée l’épreuve du Brexit, et quelle que puisse être l’avenir des relations entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne, avec ou sans traité, reporté ou non, appliqué ou non, l’Europe a gagné en puissance. A elle désormais de l’exploiter avec justesse, audace et intelligence.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.