Si l’affaire Benalla est l’opportunité pour l’opposition de reprendre la main face à un président omnipotent, elle révèle aussi son incapacité à contrarier l’action présidentielle sur le champ strictement politique.
Aucun n’en demandait autant. D’ailleurs aucun, au sein de l’opposition multiple et diffuse, parfois floue et souvent désorganisée, n’en espérait autant et n’imaginait même pas que le Président de la République fusse un jour embarrassé par une telle affaire. Car il s’agit bien de l’affaire Benalla, celle qui fait trembler Jupiter dans son Olympe élyséen depuis que les faits ont été révélés par Le Monde, dont se repaissent à loisir et avec un plaisir gourmand les opposants au Président de République. N’hésitons pas à le dire, l’opposition qui n’avait rien de bien probant à se mettre sous la dent se voit servie ici son pain béni ! Pourtant, il est fort probable qu’une fois la réponse de l’Elysée présentée, (Lire l’article sur lemonde.fr : Affaire Benalla : après des jours de silence, Macron organise la riposte ) le scandale tournera court et que l’été en pente douce sur lequel glisse avec délice Emmanuel Macron se poursuivre paisiblement.
Affaire improbable
Mais le mal est fait et l’image du président écornée…pour longtemps. Car si le Président de la République semblait marcher sur l’eau depuis quelques temps, après avoir choisi notamment de ralentir les réformes sociales, en invitant le patronat à encourager l’emploi, en se flattant d’une augmentation du nombre de créations d’emploi, en constatant la vitalité de l’économie française ou en présentant une réforme constitutionnelle somme toute assez consensuelle devant le parlement, rien ne semblait annoncer l’orage qui s’abat sur l’Elysée. L’affaire Benalla, imprévisible et improbable, est venue enrayer la machine macronienne aussi implacable que bien huilée. Et l’opposition, nue et inaudible depuis des mois, de retrouver ici une forme de vitalité que beaucoup lui croyait perdue. Et au diable les principes ! Pour l’occasion Nouvelle Gauche, Républicains et France Insoumise se sentent pousser des ailes au point de ferrailler de concert contre le président de la République. L’occasion est trop belle et l’occasion faisant le larron…
Vitesse et vacuité
Mais la vitesse avec laquelle l’opposition s’est jetée sur cette affaire en dit aussi très long sur la faiblesse de son discours, sur la vacuité de son action et son incapacité à contrarier la dynamique macronienne au point d’exploiter, d’aucuns diront surexploiter, la situation. (Lire l’article sur lefigaro.fr : «On n’a aucune réponse» : l’opposition frustrée après l’audition de Collomb sur l’affaire Benalla ) C’est donc par une affaire de gros bras, d’adjoint de cabinet à l’ego outrageusement gonflé par ses fonctions très largement dépassées et usurpées (Voir video.lefigaro.fr : Affaire Benalla : les images choquantes de son agression sur une jeune femme), qu’Emmanuel Macron voit son ciel d’été, orné de deux nouvelles étoiles chères à l’Equipe de France de football (Champions du Monde ! Bref ! On s’égare !) terni par la vulgarité grossière d’une affaire qui ne tiendrait même pas sa place dans la dernière des rubriques de faits divers du plus obscur des journaux, tant sa bassesse la dispute à son manque essentiel d’intérêt. Mais prudence, car combien d’affaires négligées ont parfois poussé au cataclysme…! Pour l’heure, l’opposition qui, répétons-le n’en demandait pas tant, se délecte des mésaventures de Jupiter qui fourbit ses armes en vue d’une réponse que l’on imagine cinglante, pour ne pas dire divine….