Le retrait de la vie politique de François Fillon consacre le passage définitif de l’électorat à un autre monde. Et les tentatives d’anciens élus ou responsables pour réintégrer le jeu politique d’apparaître comme des atermoiements anecdotiques répondant à des logiques clivantes dépassées.
Les adieux de François Fillon à sa famille politique le 19 novembre dernier, et accessoirement à son micro-parti, marquent, il n’est pas abusif de le penser, la fin définitive d’une ère politique que l’élection présidentielle avait déjà poussé dans la tombe. D’aucuns argueraient du contraire devant les tentatives de Manuel Valls de s’immiscer à nouveau dans le débat politique ou devant la campagne de Laurent Wauquiez, décidé pour se dernier à s’imposer en qualité de président du mouvement Les Républicains. Mais à y regarder de près, ces tentatives ou cette agitation, perdues parmi tant d’autres, ne relèveraient-elles pas de poussifs atermoiement d’anciennes gloires politiques ou de seconds couteaux en mal de reconnaissance ? Car, que l’on soit en accord ou pas avec Emmanuel Macron et la politique engagée depuis son élection, force est de constater que celui-ci tient le pays sinon d’une main de fer du moins du poigne plutôt ferme. En témoignent les timides mobilisations organisées par les centrales syndicales pour protester contre la réforme du Code du Travail.
Anecdote et baroud
Ainsi pour revenir, l’espace de quelques lignes au retrait de François Fillon, retrait qui ne laissera pas de traces impérissables dans l’histoire politique française, celle-ci apparaît donc tout aussi anecdotique que peuvent apparaître les derniers barouds d’honneur d’anciens responsables politiques. Il semble en effet que la France soit désormais passée dans un autre monde, plus précisément dans une autre logique sociétale, certes handicapée de contradictions et d’inégalités d’aberrations et d’incongruités que personne ne conteste et que tous veulent combattre, mais qui a enterré l’ancien monde. Est-ce à dire que la France a enfin accepté de rompre avec le poids de son Histoire, celle qui la galvanisait autant qu’elle l’oppressait ? Il est trop tôt pour l’affirmer et les historiens se chargeront de confirmer ou d’infirmer la question dans les années à venir si tant est que celle-ci se pose un jour. Mais la France d’Emmanuel Macron n’est plus, en terme de représentations mentales de l’avenir politique ou d’attentes nourries par l’action de celle-ci, celle de François Mitterrand ou de François Hollande, encore moins celle de Jacques Chirac ou de Nicolas Sarkozy. Il semble que les Français ont acquis l’idée de passer du XXème siècle au XXIème siècle, par envie ou par dépit, si ce n’est par obligation ou nécessité mais toujours est-il que la réalité est là : l’ancien monde est derrière nous. Certes pas très éloigné mais la purge politique opérée au lendemain de l’élection présidentielle a prouvé combien le pays avait soif de changement. Reste à savoir si ce changement tant de fois espéré, aujourd’hui engagé, répondra aux attentes nourries à son endroit. Pour l’heure, le renouvellement du personnel politique à droite comme à gauche (si d’aventure les deux notions ont encore un sens aujourd’hui) ne parvient pas à convaincre un électorat, certes critique à l’endroit d’Emmanuel Macron, mais encore vu et perçu comme le seul recours susceptible à résoudre les difficultés du pays. Quant aux tentatives de Laurent Wauqiez ou de Manuel Valls, il semble qu’elles répondent aussi dans leur méthode, du moins celle concernant le candidat à la présidence des Républicains, à des logiques visiblement dépassées de reconstruction de clivages politiques dont l’électorat paraît lassé. Car avec la nouvelle ère qui s’est amorcée au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, les logiques clivantes, longtemps métronomes de la vie politique française depuis 1958, sont, d’évidence, aujourd’hui désuètes et obsolètes. Faut-il pour autant ranger Adam Smith, Ricardo, Marx et Jaurès au fond des bibliothèques ? Une réponse alternative et ouverte dirait alors qu’il n’est pas nécessaire d’en arriver à cette extrémité mais comprendre que les théories développées par les uns et par les autres appartiennent à un monde révolu, en constante mutation et friand de nouvelles recettes.
L’une des séquelles de ce monde ancien, objet de votre post, et qui semble avoir encore de beau jours devant elle avec la nouvelle génération de politiques, est l’inversion de valeurs concernant emploi et production. L’essence de la production étant de satisfaire nos besoins (et non d’en créer indéfiniment de nouveaux) avec le moins de travail possible (et non avec le plus d’emplois possible), la création d’emplois comme objectif en soi est une erreur d’aiguillage rétrograde, ou démagogue, et dramatique pour ses conséquences environnementales et sociales, les 2 étant liées.
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En préambule,
Merci de votre contribution synonyme de lecture de mes écrits.
Ensuite, je ne suis pas persuadé que l’inversion de valeurs concernant emploi et production ait encore un avenir assuré dans la mesure où les années à venir pourraient être marquées, certes par une réduction du nombre d’emplois, mais, a contrario, par la création d’emploi orientée vers la sauvegarde de l’environnement ou à même de ne laisser aucune trace sur ce même environnement. Naturellement, le débat reste ouvert et je vous remercie encore de l’avoir suscité.
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Bien que ne pouvant évaluer qu’intuitivement les pertes d’emplois qu’entrainera l’automatisation, l’adoption du necessaire niveau de consommation durable d’objets matériels (que vont devenir les emplois de la flopée de gens qui travaille pour nos faire acheter les objets non durables dont nous n’avons pas besoin?), la fin de l’obsoléscence programmée, la robotisation permettant la production locale (famille, quartier, ville…), le développement de la production individuelle ou de proximité d’aliments (projets architecturaux de Vincent Caillebaut, permaculture individuelle et urbaine…), je ne vois comment le nombre d’emplois pourrait ne pas diminuer drastiquement, pour être remplacés par du travail qui pourra se réorganiser de forme coopérative ou indivuelle.
La nature, quant à elle, n’a besoins d’être protégée que si elle est agressée.
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