
Les provocations nord coréennes poussent Donald Trump dans ses derniers retranchements au point de révéler le vrai caractère du locataire de la Maison Blanche et la véritable teneur de son mandat. In fine, le président américain sortira toujours perdant de cette crise diplomatique. Explications.
Si la probabilité pour que la crise nord-coréenne débouche sur un conflit armé reste faible, et ce en dépit des événements qui pourraient laisser penser, voire augurer, le contraire, celle-ci a au moins le mérite de révéler, en partie du moins, la vraie nature de Donald Trump. Arrivé à la Maison Blanche, auréolé de son franc-parler et de sa prétendue capacité à rendre à l’Amérique sa grandeur passée et révolue (Make America great again !), il apparaît pourtant aujourd’hui que Kim Jong Un, le dictateur trentenaire de Pyong Yang soit parvenu à acculer et à déstabiliser le président américain dans ses derniers retranchements en lui lançant cyniquement : « Chiche ! » (Lire l’article sur lepoint.fr : Donald Trump face au révélateur nord-coréen) . Certes, à ce jour, l’option militaire pour mettre fin aux provocations de Kim Jong Un est clairement posée sur la table comme une alternative possible. Mais possible seulement. Et c’est toute la question, Donald Trump franchira-t-il le cap ? Osera-t-il lancer contre la Corée du Nord une attaque militaire, conventionnelle ou non, en assumant de fait et par conséquence les retombées diplomatiques, politiques et géostratégiques qui en découleraient ?
Silence ou action
Le dilemme auquel est confronté Donald Trump est par essence cornélien. Concrètement, soit il laisse Kim Jong Un poursuivre ses essais, tout en agitant le spectre d’une intervention précédée d’une résolution de l’Organisation des Nations Unies, ensemble qui équivaudrait à faire volte-face ; soit le président américain, motivé par diverses raisons qui tiennent tant de la nécessité politique et internationale que de l’ego et de l’orgueil blessés, engage un conflit avec l’une des dernières dictatures communistes du Monde avec des conséquences dantesques. Cornélien problème donc : le silence de la soumission ou l’action aux effets encore mal définies. Car en multipliant les essais balistiques et nucléaires, Pyong Yang est parvenu à tenir la dragée haute, voire à humilier la communauté internationale en la renvoyant à ses contradictions tout en prouvant les limites, si besoin était, de l’ONU. A ce jour, il est évident que Kim Jong Un ait cure des protestations internationales et américaines se moquant avec ironie des sanctions actuelles ou à venir. Preuve en est : il multiplie les provocations sans que quiconque n’agisse physiquement. (Lire l’article sur leparisien.fr : L’implacable ascension de Kim Jong Un) Certes Donald Trump fulmine et enrage mais est bien contraint d’avaler la ciguë. Idem pour l’ONU qui ne tardera pas à voter une résolution prônant plus de sanctions contre la Corée du Nord. Mais lesquelles ? Et la Maison Blanche de se tourner vers Pékin, certes prompt à condamner Pyong Yang mais moins enclin à voir s’effondrer le régime Nord-Coréen au profit de la Corée du Sud ou d’une présence étrangère, américaine probablement, à ses frontières. Donald Trump est donc pris dans l’étau du chantage et de la terreur du feu nucléaire.
Défiance et responsabilité
Un chantage des plus cyniques car toute intervention américaine visant à destituer Kim Jong Un serait très mal apprécié par Pékin ; une terreur nucléaire assimilée à un cercle vicieux car le premier qui l’emploierait serait naturellement amené à en subir à son tour les conséquences. L’infranchissable serait alors dépassé et le monde basculerait dans une incertitude lourde, voire chaotique. Voilà comment, un trentenaire au sourire glacé, est parvenu à défier la plus grande puissance du monde et son président en testant l’un et l’autre afin de savoir quel était le niveau de courage et de responsabilité du second. Combien l’image internationale et nationale de Donald Trump, déjà largement écornée, serait-elle encore plus ternie si la crise devait s’enliser dans une multiplication de provocations nord-coréennes sans réponse américaine . Et combien serait lourde la responsabilité de Donald Trump d’ouvrir le feu, quel qu’il soit, contre la Corée du Nord, sans connaître précisément la nature armée de la réponse et tout en ignorant la réaction de Pékin. Périlleux dilemme auquel est donc aujourd’hui confronté Donald Trump. Reclus dans son pays prison, Kim Jong Un se sait ô combien en sécurité et ne doit certainement pas manquer de se gausser des gesticulations américaines, si lointaines, si inoffensives.