
Les élections législatives néerlandaises n’ont pas donné lieu au cataclysme annoncé au point de s’interroger sur les capacités mobilisatrices du populisme défendu par Geert Wilders. Et si l’échec de celui-ci résidait dans un puissant sentiment pro-européen. Explication.
Annoncés comme catastrophiques, voire cataclysmiques, les résultats des élections législatives néerlandaises ont finalement laissé nombre d’analystes politiques désemparés. Non que ces derniers aient souhaité la victoire du populiste Geert Wilders, loin s’en faut, mais les sondages (encore eux…!) qui ont précédé le scrutin annonçaient le chef de file de la droite ultra-conservatrice et nationaliste vainqueur de la consultation électorale d’où les interrogations de ces mêmes analystes aujourd’hui bien en peine de trouver une raison ou un ensemble de raisons qui pourraient expliquer ces résultats. Pour autant, s’il est naturellement très difficile de dresser le panorama des motivations qui ont animé les électeurs néerlandais, il n’est pas interdit de s’intéresser au mouvement de Geert Wilders et aux carences intrinsèques du discours qu’il défend encore aujourd’hui. Premier constat à s’imposer : l’incapacité avérée, aux Pays-Bas en tous cas, pour le parti populiste et islamophobe de fédérer autour de lui un électorat suffisamment dense pour accéder à la charge suprême.
Aventure populiste
Prise de conscience, mobilisation des élites sociales peut-être plus éclairées sur la réalité du discours xénophobe, retour à un vote conservateur modéré pour des électeurs tentés en temps par l’aventure populiste,…Autant d’éléments qui concourent à la défaite de Geert Wilders et d’un discours somme toute limité aux solutions simplistes ou absurdes. Autre point à ne pas négliger, la volonté pour une majorité de Néerlandais d’affirmer ou de réaffirmer par ce vote leur attachement à l’Union européenne. Car ne l’oublions pas, les Pays-Bas, pays de tolérance par excellence qui s’est construit sur les prospères Provinces Unies, font parties des pays fondateurs de l’Union européenne. Et l’accession de Geert Wilders au poste de Premier ministre aurait certainement précipité les Pays-Bas dans une crise profonde vis-à-vis de l’Europe et de ses pays membres et surtout fondateurs. Est-ce à dire qu’en dépit des difficultés économiques, certes moins lourdes que celles que traversent la France, l’Italie ou la Belgique le sentiment européen a pris le dessus sur l’euroscepticisme qui prévaut dans nombre de pays et à même de nourrir les discours extrémistes ? Il n’est pas interdit de le penser car in fine, l’idée d’Europe est d’abord celle d’un continent uni autour de valeurs fondamentales communes que sont la tolérance et l’humanisme. Autant de contre valeurs pour les populistes de tous horizons.
Sentiment d’appartenance
Que donc retenir de ce scrutin néerlandais ? Que l’extrême droite y a échoué ? Non. Il serait excessif de le penser car les résultats affichés par le parti de Geert Wilders sèment le trouble sur le paysage politique néerlandais, faisant de sa formation politique un parti à part entière, réellement impliqué dans la vie politique locale, tout comme l’est le Front National en France. Impliqués certes mais freinés lors des scrutins électoraux majeurs, ceux qui déterminent les orientations d’un pays. Or le populisme, ou plus exactement les populismes européens, qui tentent sans réel succès à ce jour de se fédérer en une sorte de mouvement commun, semblent encore se heurter au sentiment général d’appartenance à un ensemble européen commun, à une destinée transfrontalière, certes servie par des institutions jugées imparfaites, mais qui transcendent les courants politiques ou les orientations que chaque pays peut être amener à imprimer à son pays. Les menaces que font peser les partis xénophobes ou ultra-nationalistes n’en restent pas moins prégnantes et doivent être appréhendées avec justesse et gravité car seules des nations unies et conscientes de leur destin commun seront en mesure de les contenir pour enfin les annihiler.