Remonter le temps

Plombé par la réforme des retraites, le Président de la République Emmanuel Macron ne parvient pas à retourner une opinion encore braquée contre lui. Cette crise politique qui fragilise son mandat ampute aussi l’opportunité qu’avait le président de réformer durablement le pays pendant son quinquennat.

Décidément rien n’y fait. Ni l’annonce d’un agenda surchargé de réformes à venir, ni l’évocation de Jean Moulin, ni celle de la Résistance ou de la justice portée par la République, rien ne semble redorer le blason du Président de la République qui traîne comme un boulet la réforme des retraites passée en force à l’Assemblée Nationale. Est-ce à dire que le restant du quinquennat sera assimilable à un chemin ou de croix, ou, une actualité en chassant une autre, l’émotion suscitée par la dite réforme finira par s’éteindre doucement. Pour l’heure, aucun indice ne penche en ce sens. Que faire alors ? Démissionner ? Le Président de la République a annoncé qu’il s’y refusait. Dissoudre l’Assemblée Nationale au risque de perdre le peu de majorité, déjà relative, dont il dispose ? Finalement, passées toutes ces options, il ne reste au Président que celle de la résilience, épreuve ô combien plus psychologique que politique tant cette dernière appelle aux qualités intrinsèques de l’individu à s’adapter à son environnement.

Pays grippé

Une question se pose malgré tout, sachant qu’une réforme des retraites était certes nécessaire mais sans revêtir de caractère urgent, pourquoi Emmanuel Macron n’a-t-il pas engagé d’autres projets de sociétés éminemment moins politiques alors que son agenda présidentiel s’interrompait après le printemps 2027 ? Si la réforme des retraites est déjà vue comme le point noir du quinquennat du Président, il est dommage que celui-ci n’est pas utilisé son second mandat, défait de toute pression électorale liée à une potentielle réélection pour tenter, comme il l’avait amorcé en 2017, de réformer un pays grippé. Tous les observateurs politiques s’accordent sur ce point : Emmanuel Macron avait devant lui une autoroute via laquelle s’ouvrait une multitude de réformes à même de transformer, essayer du moins, la société française. En faisant de la réforme des retraites une question centrale et un objectif crucial de son mandat alors que celle-ci n’est in fine qu’une simple question d’intendance comme le rappelait voilà peu l’ingénieur et enseignant Jean-Marc Jancovici, le Président de la République a hypothéqué les quatre années à venir de son mandat sans compter les effets délétères causés sur sa majorité et plus largement sur le parti présidentiel. Et d’aucuns de pousser des cris d’orfraie prédisant que cette erreur politique a conforté l’extrême droite dans ses ambitions présidentielles. L’idée n’est cependant pas nouvelle et devra attendre 2027 pour potentiellement se confirmer ou s’infirmer. Pour l’heure, une chose s’affirme en revanche comme réelle : Le Président Macron et sa majorité souffrent comme certainement aucun attelage politique sous la Vème République n’a souffert, espérant secrètement que revienne la magie des premiers mois du premier quinquennat. Mais en politique, nulle magie. Et si remonter le temps est impossible, assumer l’instant est en revanche une nécessité.

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