De global à régional

Le conflit russo-ukrainien qui ne cesse d’interroger sur son issue tend à progressivement s’installer dans le paysage géopolitique mondial au point de présenter tous les aspects d’un conflit de portée globale mais à la dimension strictement régionale. Explications.

Alors que s’approche la date anniversaire de l’agression russe en Ukraine, agression qui a débuté le 24 février 2022, se pose désormais la question de l’issue du conflit. Annoncée comme éclair par Moscou voilà un an, la guerre s’est enlisée dans une inertie à même de briser les espoirs de règlement rapides nourris par Moscou. Car les faits ont donné tort à Vladimir Poutine, surpris et irrité par la résistance ukrainienne mais surtout par la réaction des Européens et des Etats-Unis, tous réunis sous la bannière de l’OTAN, pour aider matériellement le pays présidé par Volodymyr Zelensky. Ainsi, est-on entré dans une forme de conflit d’usure qui, chaque jour passé, épuise un peu plus les ressources de tous les belligérants. Mais pour revenir à la question initiale, à savoir quand le conflit s’achèvera, nombreux parient, soit sur une paix négociée où l’Ukraine céderait les territoires conquis par Moscou, solution impensable pour les Ukrainiens, soit par une capitulation de l’une ou l’autre partie. Et il semble au regard de la situation actuelle que ni l’Ukraine, ni la Russie ne sont prêtes l’une ou l’autre à hisser le drapeau blanc. Est-ce à dire que ce conflit va donc s’inscrire dans la durée au point d’intégrer le quotidien géopolitique, voire se banaliser comme le furent d’autres conflits dans le passé, à l’image de la guerre civile qui ensanglanta le Liban de 1975 à 1990 ?

Enkystement et nouvelle donne géopolitique

Le bloc occidental, qui a décidé de faire front derrière l’Ukraine, en annonçant de nouvelles livraisons d’armes, ou la Russie finalement peu handicapée par les sanctions économiques prises à son encontre, donnent le sentiment de se préparer à un conflit de très longue durée qui s’enkysterait pour devenir une des composantes de la nouvelle donne géopolitique mondiale. La Chine, peu encline à s’engager dans le conflit au risque d’envenimer plus encore ses relations avec les Etats-Unis, se posera en allié objectif de l’Ukraine en préférant limiter son soutien à la Russie de Vladimir Poutine. Quant à la Russie, piégée dans une guerre conventionnelle que la durée pourrait faire flancher du côté occidental, cette dernière sait que toute utilisation, même limitée de l’arme nucléaire, entraînerait une réaction en chaîne incontrôlable dont elle ne souhaite endosser ni la responsabilité encore moins les conséquences. Donc, tous les ingrédients pour un conflit long et coûteux sont ainsi réunis. Et preuve que la guerre russo-ukrainienne tendrait à se banaliser, les prix de l’énergie, notamment du gaz ont reflué à des niveaux inférieurs à ceux qui prévalaient avant le conflit. Cette banalisation du conflit, qui semble aussi avoir été intégrée par les marchés boursiers et les acteurs économiques mondiaux, surpris aux premières heures du conflit, serait même en passe de relancer l’économie de l’armement militaire que la paix mondiale et les tensions apaisées avaient poussé dans une forme de léthargie dont beaucoup s’accommodaient aisément.

Conflit mondial et régional

Ce conflit porteur de changements diplomatiques et géopolitiques certains a aussi été l’opportunité pour des nations marginalisées, telles que la Turquie de Recep Erdogan, de se poser en médiateur sans pour autant, par ailleurs, en tirer un avantage international. Et parallèlement, de conflit à portée mondiale qu’il a toujours été, la guerre russo-ukrainienne est sur le point de devenir, ou de s’affirmer comme tel, en conflit régional, que les soutiens extérieurs, officieux ou officiels, parviennent à circonscrire. Et la question de l’avenir de l’affrontement, comprenez, quand celui-ci prendra-t-il fin de se poser à nouveau. Peut-être dans plusieurs années, quand Vladimir Poutine aura quitté le pouvoir (Rappelons que la Constitution russe lui permet de rester au pouvoir jusqu’en 2036), quand l’un des deux pays sera totalement épuisé ou exsangue…Bref ! Les possibilités sont nombreuses mais pour l’heure, aucune ne semble à l’ordre du jour.

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