Un président giflé, une démocratie humiliée

La gifle reçue par le Président de la République illustre la violence jusqu’alors contenue de certaines franges de la population ainsi que les défaillances de la culture de la démocratie qui a longtemps prévalu dans notre société.

Dire que la vie politique est, par essence et pour ceux qui la vivent, violente est un euphémisme. Et la gifle reçue par le Président de la République lors d’un déplacement dans la Drôme illustre à un point inédit la déliquescence dans laquelle sombre doucement notre société et plus largement les sociétés contemporaines. Car on peut naturellement, et c’est le principe fondamental de toute démocratie, ne pas être en accord avec les représentants de la Nation, on peut exprimer ces désaccords par voie de presse, par celle des urnes voire même oralement quand l’occasion s’en présente. Mais frapper le premier représentant de la Nation tout comme le dernier, qu’il soit maire, conseiller municipal au autre, témoigne de l’absence du plus élémentaire respect pour les règles démocratiques qui régissent nos sociétés. Ces agissements, forme de Loi du Talion, qui se veulent les réactions épidermiques de prétendues atteintes portées à l’on ne sait qui réellement, enfoncent un plus la démocratie dans l’obscurantisme et l’ignorance de régimes sombres et funestes que l’on pensait révolus. (lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/idees/article)

Espace et méfiance

Clairement, si la violence prend le pas sur l’échange et la discussion qu’appellent toutes démocraties, il n’y a plus d’espace pour ces dernières. D’aucuns argueraient qu’un vent mauvais souffle sur les démocraties modernes, tiraillées de toutes parts par des extrémismes de plus en plus virulents et revendicatifs, se présentant comme les porte-voix de peuples opprimés ou brimés dans leur expression. Si le populisme en est le premier aspect, le déchaînement de violence à laquelle nous assistons depuis peu, qu’elle soit verbale ou physique, invite à la réflexion. Qu’est-ce qui aujourd’hui peut générer de tels comportements ? La méfiance envers des élites, ou prétendues comme telles, politiques ou sociales ? Des inégalités, certes croissantes et par essence, injustes ? Un absence de culture du débat posé et respectueux ? Une avalanche de propos incendiaires, tapageurs polémiques via nombre de relais d’opinion telles que les chaînes d’information en continue ? Des carences éducatives ? Ou bien une forme de libération de la pensée suivie dans les faits par une libération des actes qui s’exprime par la violence ? Les questions sont multiples et se veulent rhétoriques car chacune d’elles correspondent à une réalité sociétale factuelle. (lefigaro.fr : https://www.lefigaro.fr/vox/societe)

Frustrations et réponse collective

Un constat s’impose : la violence est devenue consubstantielle à nos sociétés, elle les ronge et les déstructure. La gifle reçue par le Président Macron n’est peut-être que la première de nombreuses autres manifestations tout aussi violentes, voire plus, qui pourraient émailler les années à venir. Frustrations, déceptions, incompréhension, exclusions et pertes de repères sont des facteurs explicatifs de cette montée en puissance de la violence mais là encore, il convient aussi de s’attarder sur les causes qui génèrent ces frustrations et autres incompréhensions. La perte de la culture de la démocratie, à savoir que tout système politique et sociétal, ne progresse que par le dialogue concerté et la confiance accordée aux représentants élus de la Nation, semble avoir ainsi disparu. Il est inutile de chercher un ou plusieurs coupables : les boucs-émissaires des uns seront les victimes des autres. La réponse ne pourra être que collective ou ne sera pas.

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