Faire feu de tout bois

La crise diplomatique entre la France et le Brésil est l’opportunité pour Emmanuel Macron de redorer son image de défenseur de l’environnement sur un sujet des plus contestés : le traité de libre-échange avec les pays du Mercosur. Mais attention aux attentes nées du refus…

Il y a des crises diplomatiques compliquées à gérer et d’autres qui, si elles le sont tout autant, peuvent s’apparenter à d’heureuses surprises. Ainsi, en va-t-il de la crise entre la France et le Brésil portant sur les incendies qui ravagent actuellement la forêt amazonienne. Même s’il convient de préciser qu’il s’agit de bois abattus depuis plusieurs mois qui ont été incendiés une fois secs, les émissions à effet de serre liées à ces incendies restent néanmoins lourdes. A l’origine de cette crise donc, le Président Macron qui a décidé le 23 août dernier, au regard de l’ampleur du désastre écologique constaté, de ne pas signer en l’état l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur et ce tant que le Brésil ne s’engagera pas à respecter les fondamentaux environnementaux. (Lire lefigaro.fr : http://www.lefigaro.fr/international/macron-accuse-bolsonaro-d-avoir-menti-sur-le-climat-la-france-s-oppose-a-l-accord-ue-mercosur-20190823 )

Sceptiques et inquiets

Pourquoi heureuse ? Car à l’annonce au printemps de la signature prochaine de ce traité, une levée de bouclier mêlant opposants directs et sceptiques de tous bords s’est faite jour, dénonçant le caractère anti-écologique d’un accord entérinant le principe de la culture intensive, et renvoyant le Président et le Gouvernement dans une situation des plus inconfortables au regard des exigences environnementales qui dictent désormais notre quotidien. Beaucoup s’émouvaient alors, et s’émeuvent encore d’ailleurs, que la France et l’Union Européenne commercent avec un ensemble de pays peu inquiets des défis environnementaux actuels. Ainsi, en refusant de signer l’accord en l’Etat, le président Marcon redore-t-il son blason auprès de son électorat et de l’électorat français en règle générale en se posant en vertueux défenseur de l’environnement tout en confortant à bon compte sa stature internationale au détriment d’un pays émergent relativement proche des Etats-Unis de Donald Trump. Car là enccore, rien n’est innocent en matière diplomatique…Et la brouille entre les deux pays au sujet de la taxe sur les GAFA (ndlr : Google, Amazon, Facebook, Apple) et la future taxation du vin français aux Etats-Unis sans ici être soldée se voit quelque peu dégonflée par la prise de position d’Emmanuel Macron qui fait là valoir son indépendance diplomatique. Clairement, Emmanuel Macron a tenté de reprendre la main.

Puissance et discrétion

Cette crise amazonienne qui ne saurait naturellement passer l’été, le Brésil ayant diligenté plusieurs mesures afin d’endiguer le sinistre, aura toutefois été l’opportunité, en marge du G7, pour Emmanuel Macron de faire entendre sa voix au niveau mondial et de faire valoir une relative puissance politique à l’échelle européenne, l’ensemble permettant à la France de se poser en locomotive en matière environnementale tout en renforçant sa position dans le couple franco-allemand, Berlin ayant été des plus discrets sur le sujet amazonien. Ainsi, si l’été 2018 avait été entaché par l’affaire Benalla, l’été 2019 aura été celui du renouveau diplomatique, les effets du G7 et la gestion de la crise brésilienne profitant pleinement au locataire de l’Elysée. Pour autant, en refusant de signer l’accord, Emmanuel Macron a aussi ouvert la boîte de Pandore. D’abord au Brésil où son image et celle de la France sont désormais plus qu’écornées (Lire lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/24 ) dans le camp des partisans de Jair Bolsonaro. Ensuite et surtout car nombreux en France et en Europe vont dès lors s’engouffrer dans la brèche et demander une réécriture sinon totale du moins partielle du traité. Emmanuel Macron savait très certainement que son refus allait entraîner une réaction en chaîne qu’il conviendra de gérer en temps venus. L’automne promet donc d’être particulièrement agité car en tançant le Brésil de Jair Bolsonaro, Emmanuel Macron s’impose un devoir d’exemplarité en matière environnementale (alors le mouvement écologiste de Yannick Jadot fourbit déjà ses armes en vue des élections municipales de mars 2020) que d’aucuns sauront lui rappeler, fusse crûment.

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