
Entre indifférence et décadence, nos sociétés contemporaines occidentales semblent avoir perdu le sens des priorités. En témoignent l’engouement et les commentaires liés au transfert du brésilien Neymar au Paris-Saint-Germain quand le Yémen meurt, terrassé par la guerre civile et le choléra.
Nous aurions pu, via ces quelques lignes, préambules au coma estival qui s’installe à chaque mois d’août, évoquer le transfert rocambolesque de Neymar au Paris-Saint-Germain, le énième rebondissement de l’Affaire Grégory, la chute du président Macron dans les sondages ou encore la vague de chaleur caniculaire qui écrase une partie du pays. Nous aurions pu. Mais, étrangement et paradoxalement, sans évoquer chacun d’eux à proprement parler nous finirons par les utiliser comme exemples dans une forme de démonstration que d’aucuns jugeraient cynique. Ainsi, beaucoup l’ignorent, mais le Yémen est en proie, non seulement à la guerre civile, mais aussi à une épidémie de choléra telle qu’elle pourrait éradiquer purement et simplement la moitié de la population (lire l’article sur lemonde.fr : Le Yémen, un pays prisonnier du choléra ) « Terrible ! » crieraient certains et à raison d’ailleurs. Mais ils le crieraient dans le silence de l’indifférence car soyons honnêtes qui s’en soucie ? Hormis les Yéménites eux-mêmes, quelques ONG présentes sur place et l’Organisation des Nations Unies…
Mort programmée
Il est clair que dans l’ordre des priorités le transfert d’un gamin de 25 ans pour 220 millions d’euros, devenu bête de foire, semble peser plus lourd que la mort programmée de toute une population. Ne serait-ce pas là le signe inquiétant et dramatique que nos sociétés contemporaines occidentales se sont vendues à une forme de lâcheté qui se cacherait derrière…Mais derrière quoi finalement ? Derrière rien. Osons le dire et l’écrire les paillettes supposées du transfert de Neymar occultent notre incapacité chronique à nous pencher sur les vraies questions qui interrogent l’humanité. Certains appellent cela la décadence…Ont-ils réellement tort ? Comment peut-on laisser mourir un peuple et se pâmer devant 220 millions d’euros qu’aucuns d’entre nous ne touchera d’ailleurs ? Certes, beaucoup argueront du fait que nous ne pouvons rien à cette guerre civile et à cette épidémie. C’est vrai. Mais rien en revanche ne nous empêche de faire preuve de modestie et de pondération en évitant de nous vautrer dans des comportements qui frôlent l’indécence et la vulgarité comme ceux qui fleurissent sur les réseaux sociaux. Il est naturel d’être heureux, lorsque l’on est supporteur du PSG en l’occurrence, du transfert de ce joueur mais de là a en oublier que le Monde continue de vivre et mourir,…Quant au énième avatar de l’Affaire Grégory, à la chute d’Emmanuel Macron dans les sondages ou la chaleur estivale, avouons qu’ils ne sont là que pour nous donner bonne conscience car là encore personne ne sera fondamentalement traumatisé (sauf à être concerné directement) par ces saillies dont le quotidien regorge. Alors à l’heure où châteaux de sable, siestes interminables et commentaires sur le positionnement tactique de Neymar (!) se multiplient, il n’est pas inopportun ni inutile de se demander ce que nous sommes devenus ou en train de devenir. Sur ce Bonnes Vacances…