Atterrir ou pas ?

jet-airplane-in-the-sky-with-sunLa victoire des partisans du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’a pas entamé la mobilisation des opposants au second aérogare nantais. Mais leur opposition ne serait-elle pas la traduction, consciente ou inconsciente, du refus et de la négation des évolutions qui agitent le Monde.

Les habitants de Loire-Atlantique ont ainsi choisi à 55,17 % de transférer l’activité de l’actuel aéroport de Nantes vers celui de Notre-Dame-des-Landes qui reste donc à construire. Pourtant en dépit de l’expression de la vox populi, les opposants au projet ne désarment pas, arguant de l’illégitimité du scrutin. Classique. Conseil d’Etat et Tribunal administratif seront certainement saisis et diront si la consultation est valable. En attendant pelleteuses et rouleaux compresseurs chauffent pour entamer les travaux dès le mois d’octobre prochain. Cela sent déjà la poudre ! A vrai dire, cela faisait plusieurs années que la situation s’était tendue autour de ce projet et plusieurs raisons l’expliquent. Tout d’abord, si rares, y compris parmi les opposants, contestent la pertinence d’un second site aéroportuaire, les opposants en question se refusent à le voir pousser (on peut les comprendre au regard des travaux pharaoniques que cela engendre) sur les territoires sur lesquels ils habitent, vivent, travaillent, se promènent, développent leurs activités de loisirs et où prospèrent faune et flore diverses et variées, insouciantes et innocentes.

Emploi, chantage et discours

Passé l’aspect bucolique de la situation une analogie, cynique certes, s’impose : Donc pour résumer tout le monde est toujours d’accord pour construire des prisons mais personne n’en veut à côté de chez soi. Légitime mais voilà un raisonnement sans fin. On ne pourra pas rationnellement implanter le second aéroport nantais sur Mars ! Tout cynisme mis à part, il n’est pas inopportun de s’attarder sur la raison profonde et véritable, ou du moins qui semble être à l’origine de l’opposition, indépendamment de considérations écologico-sociales. Car in fine, n’est-ce pas tant le sentiment d’impuissance des opposants face à un projet conçu de longue date par les ministères de tutelle (Environnement et Transports) qui pose problème plutôt que l’aéroport en lui-même. Si demain l’un des proches (enfant, parent, ami,…) de l’un des opposants décrochait un emploi grâce à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, quel serait le discours tenu ? Le chantage à l’emploi qui a aussi joué dans cette affaire, et qui continue aussi, apparaît encore comme un élément de frustration des opposants qui n’ont rien d’autre à opposer que leur refus. Maigre en période de disette économique….Mis devant le fait accompli d’un projet qui leur échappe, otage d’une réalité économique qui leur échappe tout autant, les opposants au projet de Notre-Dame-des-Landes ou de Sivens donnent à une majorité le sentiment de se battre au nom de principes surannés et dépassés. C’est d’ailleurs une des problématiques de l’écologie contemporaine : si pollution, épuisement des ressources naturelles et sacrifice de la bio diversité (faune et flore) sont condamnables et doivent être limités, voire totalement éradiqués, sont-ils compatibles avec les évolutions passées et à venir ? La question reste entière et hante l’écologie politique dans son ensemble et le cas de Notre-Dame-des-Landes n’a plus, au regard de cette question, qu’une valeur anecdotique.

Lieu commun et refus

Mais revenons à nos opposants. Leur discours, construit, cohérent et pertinent, se base, à raison, sur les erreurs commises par le passé, et celles en venir, en matière environnementale. Pour autant, le présent est malheureusement aussi le fruit de ces erreurs et des modèles socio-économiques qui sont les nôtres. Les avions volent dans le ciel et brûlent du kérosène avant de se poser sur un tarmac. Avant cela ils embarquent des passagers qui se déplacent d’un point A vers un point B. Certains sont en vacances, d’autres travaillent, d’autres voyagent pour telle ou telle raison. Tout cet ensemble génère des flux humains, alimente des circuits économiques et financiers, créé ou maintien des emplois et participe, à son échelle, à l’immense marche du Monde. Lieu commun que de le dire mais réalité que les opposants au projet d’aéroport ont peut-être oublié ou feint d’oublier. Et leur malaise, moteur de leur opposition, d’être aussi l’expression du refus d’affronter une implacable réalité contre laquelle quelques hommes, fussent-ils bien intentionnés, ne peuvent plus rien. La fatalité, d’essence divine, a ainsi été remplacée par la réalité, d’essence pragmatique. Et est-ce que l’environnement y a sa place et laquelle ? Voilà l’enjeu et pas nécessairement quelques hectares pris sur le sol de Loire-Atlantique…

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